Nigeria. Female IN: le groupe Facebook qui étonne jusqu'à Mark Zuckerberg

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Le 15/06/2017 à 16h46, mis à jour le 15/06/2017 à 23h40

"Female IN (In Nigeria)" que l'on peut traduire par "Femmes branchées" est l'un des groupes Facebook qui connaissent la croissance la plus forte sur le réseau social au point que, la semaine dernière, Mark Zuckerberg himself a demandé à en rencontrer la fondatrice. Mais de quoi s'agit-il au juste?

Ce n'est pas tous les jours qu'un groupe "fermé" sur Facebook, formé initialement par une femme anonyme, réussit à franchir allégrement la barre du million de membres. Female In Nigeria, devenu Female IN ou Fin, est l'un des rares groupes sur le réseau social bleu à avoir réussi cette prouesse, grâce à des membres se connectant essentiellement du Nigeria. 

C'est allé tellement vite que la semaine dernière Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook, a demandé à rencontrer celle qui est à sa tête. Mais visiblement, même si le groupe est fermé, il s'agit d'une confidence que Lola Omolola veut bien partager en dehors de son groupe, contrairement à l'esprit de Fin. 

"Fin est un espace sûr, où n'importe qu'elle femme peut se livrer à une confidence", affirme Lola Omolola, ajoutant que "l'on peut ne pas être d'accord, mais comme c'est son histoire, elle a le droit d'en parler". Ici, les femmes peuvent donc tout dire, y compris ce qu'elles ne partageraient pas avec tout le monde dans la vraie vie.

Evidemment, le terme "fermé" ne veut pas dire que les membres sont anonymes. Ces derniers postent leurs messages dans le groupe Fin avec leur vraie identité. Mais on y parle de tout, pratiquement sans tabou. On peut y lire des histoires portant sur de la violence domestique, des abus physiques, voire de viols d'enfants. Il y a une liberté de ton que l'on ne trouve qu'ici, même au Nigeria où la presse est habituée à tous les sujets.

Ici, une première femme y explique la réaction de ses parents quand elle leur a appris qu'elle était enceinte à l'âge de 17 ans. Là, une autre parle de son coming-out de lesbienne. En somme, les Finsters (noms que se donnent les membres), peuvent évoquer une mauvaise expérience amoureuse ou bien un événement plus ironique encore. C'est le cas de cette femme qui raconte avoir volé les clefs d'un chauffeur de bus qui a embouti sa voiture et a refusé de s'excuser. 

Lola Omolola est une journaliste de formation qui a immigré aux Etats-Unis au début des années 2000 et a lancé Fin en 2015. C'est le kidnapping des lycéennes de Chibok qui a été l'effet déclencheur. Au début, elle pensait que cela allait être passager. Mais c'est allé beaucoup plus vite et plus loin qu'elle ne l'a jamais imaginé. 

Aujourd'hui, des centaines de personnes frappent chaque jour à la porte du groupe et autant de "post" sont effectués par les membres. Pour bien administrer tout cela, elle a recruté 28 volontaires qui contribuent à modérer les discussions. 

Au Nigeria, le groupe est diabolisé. Des prêtres, dans leurs prêches, disent que Fin pervertit les jeunes filles. "Beaucoup pensent que la controverse me tuera, alors qu'en réalité, elle me renforce". 

Pour le moment, Fin n'est pas une entreprise et Lola Omolola ne gagne pas un seul centime avec ce qui semble être plus une passion et un engagement qu'une start-up. Avoir rencontré Mark Zukerberg peut néanmoins ouvrir des portes. Lola a commencé à donner ses premières interviews. Elle envisage de renforcer la présence de Fin dans le monde réel. Certes, depuis plusieurs mois des rencontres des Finsters ont lieu un peu partout. Cependant, son objectif actuel est de créer des centres où les femmes peuvent se rencontrer et discuter à coeur ouvert de leurs confidences. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 15/06/2017 à 16h46, mis à jour le 15/06/2017 à 23h40