Cameroun. Presse: chaque éditeur distribue désormais ses journaux

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Le 09/08/2017 à 12h13, mis à jour le 09/08/2017 à 12h13

Lundi 7 août 2017, Messapresse qui avait jusqu’ici le monopole de la distribution des titres de presse s’est retiré du marché, au grand bonheur des directeurs de publications.

Le divorce est officiel entre les journaux camerounais de presse écrite et le Français Messapresse, qui avait jusqu’ici le monopole de la distribution des titres. Ce lundi 7 août 2017 consacre en effet la date d’arrêt définitif de la distribution, décidée de façon unilatérale par Messapresse.

Le problème, c’est que Messapresse a voulu rehausser le taux de sa commission sur la vente des journaux locaux de 33 à 49%. Le refus des éditeurs a été unanime. D'autant que ça fait des années que les directeurs de publications jugent la prestation du distributeur insatisfaisante.

«33 % de commission étaient suffisant pour distribuer les journaux nationaux sur l’ensemble du territoire national. Une clause qui n’a malheureusement pas toujours été respectée par le distributeur. Lequel avait toujours privilégié les métropoles de Yaoundé et de Douala au détriment des villes secondaires», rapporte Haman Mana, directeur de publication du quotidien Le jour. Alors que ses pairs et lui-même supportaient la situation malgré eux, c’est finalement Messapresse qui va finir par crever l’abcès.

Selon Laurent Boin, directeur général de Messapresse, «l’entreprise a la volonté de se maintenir équilibrée dans ses activités de distribution de la presse internationale et des livres. La distribution des journaux locaux ne rapporte pas grand-chose. Par contre, la distribution des livres représente 60% de notre chiffre d’affaires et la distribution de la presse internationale 20%. Cela signifie que 80% de ce chiffre est sauf et on gagnerait à le fructifier».

Dans une interview accordée au quotidien gouvernemental Cameroon Tribune, Issa Tchiroma Bakary, ministre de la Communication dit avoir été saisi par Messapresse il y a quelques semaines, au motif qu’elle n’arrivait pas à joindre les deux bouts. «Les difficultés de l’entreprise tournaient autour de 180 millions de FCFA de déficit par an. Et pour régler son problème, il y avait trois possibilités : la première, une subvention du gouvernement à hauteur du déficit annuel qu’elle subissait et ainsi l’entreprise continuait-elle la distribution. La deuxième possibilité était l’augmentation du coût de la prestation, si le gouvernement n’intervenait pas. Et troisièmement, celle que l’entreprise a fini par adopter, rompre le contrat de manière unilatérale et mettre un terme à la distribution de la presse».

Le communiqué de Messapresse, informant les éditeurs que l’entreprise arrêtait définitivement son contrat ce 7 août , n’a pas inquiété les patrons de presse. Chacun étant à même d'assurer seul la distribution de ses titres. 

Selon le ministre de la Communication, le gouvernement leur a demandé de constituer un noyau dur autour la Société de presse et d’éditions du Cameroun (SOPECAM), éditrice de Cameroon tribune, pour prendre la relève et se substituer à Messapresse dans la distribution. Et pour Haman Mana, «distribuer les journaux, c'est simplement les mettre à la disposition de ceux qui veulent les acheter, par un marketing de proximité».

Par Elisabeth Kouagne (Abidjan, correspondance)
Le 09/08/2017 à 12h13, mis à jour le 09/08/2017 à 12h13