La journaliste Mimi Mefo Takambou, rédactrice en chef adjointe, en charge du service en anglais et présentatrice vedette de journaux dans la même langue à la chaîne de radio et de télévision privée Equinoxe à Douala, dans la métropole économique, a été écrouée dans la nuit du mercredi 7 novembre 2017 à la prison centrale de la ville, après avoir été inculpée d’«atteinte à la sûreté de l’Etat».
Elle avait répondu à une convocation dans l’après-midi à la légion de gendarmerie du Littoral où une enquête était ouverte contre elle pour «fausses nouvelles et cybercriminalité». Elle a par la suite été déférée devant le commissaire du gouvernement auprès du tribunal militaire de Douala qui a ordonné sa mise en détention provisoire.
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«Nous avons vu la porte de la prison de New-Bell à Douala se refermer sur Mimi qui a été menottée pour faire le trajet du tribunal militaire à la prison. On a militarisé l’affaire qui consistait pour Mimi à avoir rapporter des propos d’une télévision en ligne en lien avec le décès du missionnaire américain, dont les deux belligérants, l’Etat et les sécessionnistes, se renvoient la responsabilité de sa mort», a déclaré sur BBC, Me Alice Nkom, chef de file du collège d’avocats constitué par le Syndicat national des journalistes du Cameroun (SNJC) pour assurer la défense de Mimi Mefo. Pour ses avocats, la journaliste devrait être poursuivie pour un délit de droit commun.
Du côté du commissaire du gouvernement, l’on estime que le fait d’avoir relayé pareille information s’apparente à un «acte de terrorisme» et est «de nature à porter atteinte à la sûreté de l’Etat», rapporte son avocate. «Ils ont "pondu" une loi sur la cybercriminalité (celle du 21 décembre 2010 relative à la cybersécurité et à la cybercriminalité qui définit et réprime les infractions liées à l’utilisation des TIC au Cameroun, NDLR) qui veut tout dire et rien du tout.
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Or, il se trouve que pour nous les avocats, cette loi est illégale. Notre droit à Internet est un droit fondamental. Il appartient à celui qui pense que son information est fausse de donner un droit de réponse. Chacun prend la responsabilité de croire, de ne pas croire, d’effacer ou de garder», argumente Me Nkom sur la BBC. Un hashtag (#WeStandForMimi) a été créé pour réclamer la libération de la journaliste, qui devrait être jugée le 12 novembre prochain devant le tribunal militaire de Douala.