Portrait. Arsène Tema Biwolé: le génie en physique qui ambitionne de créer un soleil sur Terre

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Le 17/02/2018 à 14h42, mis à jour le 17/02/2018 à 14h42

Alimenter le monde en énergie à perpétuité. Voilà l’ambitieux projet que nourrit le jeune physicien nucléaire de 25 ans, premier Camerounais invité à une réunion annuelle de la très prestigieuse Société américaine de physique.

Il rêvait de devenir physicien. A 25 ans, Arsène Tema Biwolé est aujourd’hui l’un des physiciens nucléaires les plus brillants de sa génération. «Aussi loin que remontent mes souvenirs, j’ai toujours rêvé d’être physicien», annonce-t-il. Le 24 octobre dernier, il a participé à la réunion annuelle sur la physique des plasmas de la Société américaine de physique.

Sa responsabilité aujourd’hui: «M’assurer de ne pas être le dernier, que d’autres jeunes de Maroua, de Buea, puissent aussi faire du leur demain dans la plus grande tribune de physique nucléaire du monde».

Chercheur invité en fusion nucléaire et plasma au Département américain de l’énergie, Arsène Tema Biwolé ambitionne d’alimenter le monde en énergie à perpétuité, en recopiant un soleil artificiel dont on pourra utiliser l’énergie pour générer de l’électricité. «Nous craignons une crise énergétique avec l’accroissement de la population. C'est ce qui nous motive», explique-t-il.

Le jeune scientifique travaille donc à «offrir l’électricité» aux familles africaines notamment, lui qui en a été privé enfant. Né le 15 juin 1992 à Bafoussam, capitale régionale de l’Ouest Cameroun, Arsène s’intéresse très tôt aux sciences physiques. Il cultive sa passion en dévorant des livres sur la physique près du feu de cuisine, «car nous n’avions pas d’électricité à la maison».

Malgré des conditions de vie difficiles, couplées à une enfance maladive, ce cadet d’une fratrie de deux enfants élevés par une mère célibataire ne baisse pas les bras. Son ambition le pousse à surmonter les obstacles. Le Ciel, visiblement, a de grands projets pour lui. Son baccalauréat en poche, il s’envole pour l’Italie où il intègre l’Université polytechnique de Turin, grâce à une bourse de l’ambassade italienne.

Arsène est alors l’unique Camerounais à y étudier l’énergie et l’ingénierie nucléaire. Son diplôme d’ingénieur nucléaire validé, il s’envole cette fois pour les Etats-Unis pour poursuivre sa thèse à la General Atomics, une entreprise de défense et de physique nucléaire réputée de la côte californienne.

Au pays de l’oncle Sam, Arsène se fait remarquer par la NASA qui s’intéresse à ses travaux. Mais le jeune scientifique se défend d’avoir été recruté par l’agence spatiale américaine, comme l’a prétendu une folle rumeur sur la Toile.

«Je n’ai pas été recruté par la NASA. Cette désinformation est sans doute née du fait que j’ai collaboré avec elle pendant mon travail sur les turbulences et les courants auto-générés dans les plasmas thermonucléaires», dit-il. «La NASA travaille pour envoyer l’Homme dans les étoiles. Nous, nucléaristes, travaillons pour emmener le soleil sur terre à travers la fusion thermonucléaire contrôlée, pour alimenter l’humanité en énergie perpétuelle», poursuit le jeune physicien. 

Arsène se sent flatté par sa «popularité» naissante qui suscite un réel engouement auprès des internautes camerounais. Mais il refuse d’être pris pour une «rock star».

Après avoir enseigné la mécanique classique, l’électricité et le magnétisme aux étudiants africains des première et deuxième années à l’Université polytechnique de Turin, il souhaite plus que tout partager son expérience avec les jeunes de son pays. «Mon rêve, c’est de rentrer au Cameroun en tant que professeur de physique. Ainsi, je pourrai partager ma passion qu’est la physique nucléaire avec les jeunes générations», affirme le prodige qui invite les africians à croire en leurs rêves et à travailler dur pour y arriver. «Avec de la passion, de l’amour, on réalise toujours nos rêves», conclut-il.

Par Tricia Bell (Yaounde, correspondance)
Le 17/02/2018 à 14h42, mis à jour le 17/02/2018 à 14h42