Kiosque Le360 Afrique. Voulant se donner le rôle de superpuissance, l’Afrique du Sud n’est-elle finalement pas qu'un néo-colonialiste de mauvais aloi ? Ce n’est pas un adversaire de l’Afrique du Sud sur la scène diplomatique internationale qui pose la question, mais bien une journaliste boer d’origine, et sud-africaine bon teint. Lisl Louw qui a vécu à Dakar et vadrouille un peu partout sur le continent revient avec un ouvrage qui fait déjà beaucoup de bruit. Radio France International en sort les bonnes feuilles dans une critique, cette semaine.
La diplomatie sud-africaine n’a pas tenu ses promesses. L’espoir suscité par l'adoption de la démocratie en 1994, avec un Nelson Mandela à la tête de l’Etat s’est vite évanoui. Certes, le leader historique de l’ANC, homme intègre et charismatique s’est montré reconnaissant envers les pays qui ont soutenu sa lutte. Il s’est par exemple rendu en Algérie et en Libye. Son ministre adjoint aux Affaires étrangères de l’époque, Aziz Pahad, a été un discret émissaire dans la résolution de plusieurs conflits.
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Mais, le géant de l’Afrique australe connaît mal le continent, pour avoir vécu en autarcie pendant plusieurs décennies, sous l'apartheid. Ses nouveaux dirigeants sont peu amènes avec la plupart des pays qui comptent sur la diplomatie africaine. L’Afrique du Sud peine à s'exporter en tant que modèle. Elle s’emmêle les pinceaux dans la résolution de la crise centrafricaine, la première où elle a voulu montrer ses muscles. Ses soldats qui ne comprennent pas le français se sont fait massacrer. Le chèque tendu à Catherine Ponza Samba, présidente de transition, a disparu comme par enchantement.
Après Mandela qui fut reconnaissant et Thabo Mbeki, l’homme qui a voulu initié la Renaissance africaine, Jacob Zuma n’a finalement rien réussi. "Le prestige de l’Afrique du Sud décline après le départ de Mbeki", lit le critique de RFI. Et à l’image de son allié algérien, l’Afrique du Sud croit beaucoup à la diplomatie du chèque. Sauf qu’avec la crise, il est difficile d’imposer le respect en l’absence d’appui financier. L’influence de l’Afrique du Sud s’estompe et son "image se dégrade", malgré des efforts de ses hommes d’affaires. De plus, l’Afrique du Sud est un pays xénophobe envers les Africains. "Des descentes meurtrières font soixante victimes. Les communautés somaliennes, mozambicaines et nigérianes sont les plus durement touchées", note toujours RFI.
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La diplomatie du chèque ne marche plus. Zuma, accusé de corruption dans son propre pays, n’ayant pas le charisme de ses prédécesseurs, est peu respecté par ses pairs africains. Alors, il "impose sa première épouse à la tête de l’Union africaine en 2012, à l’issue d’une opération à la hussarde, tordant le cou à la règle tacite qui veut que les cinq grands pays du continent (qui assurent 60% des cotisations, ndlr) s’abstiennent de briguer le poste".
Selon Lisl Louw, l’Afrique du Sud est isolée sur le continent, puisqu’elle n’est un modèle pour aucun autre pays et manque cruellement d’alliés. Zuma ne veut qu’une chose : rapprocher l’Afrique du Sud des quatre pays émergents que sont la Russie, le Brésil, l’Inde et la Chine, avec lesquels elle constitue les BRICS. La seule réussite de Zuma à l’international est le rapprochement avec la Chine dont les entreprises investissent massivement dans l’industrie sud-africaine. Après cela, c’est le néant. L’ère Zuma est celle des "copains et des coquins". A Pretoria, on a inventé un nouveau mot pour cela : "Tenderpreners".