COP22: les soutiens du Polisario en ordre dispersé

Pour des raisons différentes, ces deux chefs d'Etat ont raté le rendez-vous avec l'histoire.

Pour des raisons différentes, ces deux chefs d'Etat ont raté le rendez-vous avec l'histoire. . DR

Le 15/11/2016 à 17h26, mis à jour le 15/11/2016 à 18h12

Au moment où beaucoup de chefs d'Etat africains font le déplacement pour Marrakech, les fervents soutiens du Polisario ratent ce rendez-vous avec l'Histoire. Crise économique, scandales de corruption et maladie les ont, peut-être, contraints à rester à domicile. Deux exceptions, cependant.

Kiosque Le360 Afrique. C'est un secret de Polichinelle. Certains pays africains sont des soutiens inconditionnels du Polisario et de la RASD. Leur absence aurait pu être interprétée comme un boycott de la Conférence des Nations-Unies sur les changements climatiques. Mais, étonnamment, ils ont quand même des excuses valables pour ne pas se rendre dans la Ville ocre marocaine. Il serait bien dommage, pour des raisons purement politiques, que des chefs d'Etat décident de boycotter l'un des plus importants sommets devant décider de l'avenir de l'Humanité. 

L’exception Buhari

Faisant exception de l'axe Alger-Abuja-Pretoria, Mohammadu Buhari fait le déplacement, note Premium Times, malgré les nombreuses difficultés auxquelles son pays est confronté. Entre Boko Haram au Nord, la rébellion dans le bassin du Delta du Niger au Sud et les velléités d'autonomie du Biafra, le Nigeria n’a jamais fait face à une telle instabilité politique. Sur le plan économique, ce n’est guère mieux. Le pays est officiellement entré en récession en août 2016, après deux trimestres de croissance négative. Le géant ouest-africain a d’ailleurs perdu sa place de première économie du continent au profit de l’Afrique du Sud, avec la chute du naira, la baisse de la production pétrolière et le recul des cours mondiaux d’hydrocarbures. Buhari a sans doute pris sur lui pour venir rencontrer les décideurs du monde entier sur les questions climatiques. 

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L’excuse de Bouteflika

Il faut excuser Abdelaziz Bouteflika, le premier soutien du Polisario, hospitalisé à Grenoble, jusqu'à récemment. Le président algérien a, cependant, dépêché le deuxième personnage de l’Etat, en l’occurrence Abdelkader Bensalah, le président du Conseil de la Nation. Ramatane Lamamra, le ministre des Affaires étrangères, fait partie de la forte délégation venue représenter le voisin du Maroc à Marrakech. La situation économique en Algérie n'est pas meilleure qu'au Nigeria. En effet, le pays a expérimenté les déficits jumeaux cette année, et 2017 ne s'annonce pas meilleure. Pour boucler son budget, le gouvernement d'Abdelmalek Sellal a ponctionné, jusqu'à l'épuiser, le Fonds de régulation des recettes (FRR). Actuellement, pour la première fois depuis plus d'une décennie, il faut que l'Algérie s'adresse aux marchés internationaux, après avoir supprimé certaines subventions. 

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Les liens de la corruption de Zuma

Quant à Jacob Zuma, il est empêtré dans un vaste et inextricable scandale de corruption. Le bureau de la médiatrice de la République sud-africaine a commis un rapport explosif qui met en cause de manière indiscutable le niveau de corruption au sommet de l’Etat sud-africain. Il y a eu l’affaire de sa villa de Kandala rénovée avec 20 millions de dollars tirés de fonds publics. Désormais ce sont ses relations avec la famille Gupta qui défraient la chronique. La quasi-totalité de la société sud-africaine, y compris des sommités dans le camp de l’African national congress (ANC), parti au pouvoir, demande la démission de Zuma. Difficile pour lui de se préoccuper du climat dans de telles conditions.

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L’endettement d’Al Sissi

Abdelfettah Al Sissi a également d’autres chats à fouetter. En effet, face à la crise qui secoue l’Egypte, il lui aurait été difficile de faire le déplacement. Al Sissi est plutôt occupé à trouver quelques milliards de dollars supplémentaires. Le FMI lui a déjà servi une ligne de prêts de 12 milliards de dollars sur trois ans. Des banques internationales lui ont accordé un crédit de 2 milliards de dollars. Cependant, il lui en faut beaucoup plus pour sortir le pays de la crise et réaliser les grands travaux devant relancer l'économie. Il faut rappeler que la livre égyptienne, que la banque centrale a laissé flotter, s’est dépréciée de près de la moitié de sa valeur depuis une dizaine de jours. L’inflation est devenue galopante. Le prix du carburant est en hausse de 50%. La suppression des subventions imposées par le FMI a créé une hausse généralisée du prix de tous les biens e : électricité, produits alimentaires, etc. De plus, faute de devises, le pays subit des pénuries de toutes sortes liées au fait qu'il ne peut plus importer ni sucre, ni médicaments. 

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Pas si prudent de sortir pour Mugabe

Annoncé par Le360 Afrique, Mugabe est bel bien parmi ses pairs. Au Zimbabwe, où les populations sont promptes à descendre dans la rue, il aurait été plus prudent pour Mugabe de surveiller l’opposition comme du lait sur le feu. Cela peut déborder à tout moment, avec notamment le pasteur Ewan Mawarire, devenu, malgré lui, le chef de file de toutes les contestations. Mugabe, connu en Afrique pour ses prises de positions sur certains dossiers, est considéré chez lui comme un autocrate. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 15/11/2016 à 17h26, mis à jour le 15/11/2016 à 18h12