Gambie: pour l'ONU, Jammeh doit "céder le pouvoir" en janvier

Mohamed Ibn Chambas, représentant des Nations unies en Afrique de l'Ouest.

Mohamed Ibn Chambas, représentant des Nations unies en Afrique de l'Ouest. . DR

Le 15/12/2016 à 11h56, mis à jour le 15/12/2016 à 12h01

Après le Sénégal et les Etats-Unis, l'ONU fait pression sur le président gambien sortant pour qu'il accepte le verdict des urnes. Mais rien n'est gagné d'avance avec Yahya Jammeh, même s'il sait que les jeux sont faits.

Les pressions diplomatiques se multiplient contre Jammeh. La dernière en date est venue de l'organisation des Nations unies, hier mercredi 14 décembre. Le représentant de l'ONU en Afrique de l'Ouest, Mohamed Ibn Chambas, a affirmé que le président gambien Yahya Jammeh devait "être prêt à céder le pouvoir" en janvier, indépendamment de son recours en justice contre l'élection de l'opposant Adama Barrow.

M. Ibn Chambas s'exprimait au retour d'une mission, mardi, à Banjul de quatre chefs d'Etat d'Afrique de l'Ouest, à laquelle il a participé, pour tenter de convaincre M. Jammeh de reconnaître définitivement sa défaite à l'élection présidentielle du 1er décembre et de céder le pouvoir. "L'opposition a remporté l'élection, qui a été juste", a affirmé le représentant spécial dans la région du Secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon.

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Le mandat de cinq ans de M. Jammeh expire le 19 janvier, a rappelé M. Ibn Chambas, ajoutant qu'"il devra être prêt à céder le pouvoir" à cette date. D'ici là, "c'est M. Jammeh qui est le président constitutionnellement élu. Nous espérons que pendant cette période toutes ses actions seront conformes à la Constitution", a souligné le responsable de l'ONU.

Interrogé sur les craintes émises par l'opposition, que la contestation des résultats devant la Cour suprême ne permette à M. Jammeh de se maintenir en place au-delà de la fin de son mandat, M. Ibn Chambas a assuré que les deux questions n'étaient pas liées. "Cette procédure juridique n'a rien à voir avec le terme de son mandat", fixé à janvier, a-t-il dit.

Le délai constitutionnel du 19 janvier comme terme du quinquennat de Yahya Jammeh a aussi été évoqué par un des responsables de l'opposition, Halifa Sallah, dans une déclaration devant la presse à Banjul.

"Nous maintenons que le président élu Barrow demeure le prochain président gambien, qui devrait prendre ses fonctions le jour où expire le mandat" du dirigeant, a déclaré M. Sallah. "Nous avons indiqué qu'autour du 19 janvier, si au moment où le président élu Barrow est censé être investi, le président Jammeh dit: "Je ne partirai pas", alors, manifestement, il y aura une crise constitutionnelle et un probable conflit dans le pays", a-t-il ajouté.

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Après une journée de discussions mardi, la présidente libérienne Ellen Johnson Sirleaf, qui conduisait la délégation de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), a reconnu qu'aucun accord n'avait encore été obtenu sur le départ du pouvoir de M. Jammeh.

Le même jour, passant outre les objections de l'opposition et de nombreux juristes, le parti au pouvoir a saisi la Cour suprême pour demander l'annulation des résultats accordant la victoire à Adama Barrow sur Yahya Jammeh par quelque 19.000 voix d'écart. Faute de juges pour siéger à la Cour suprême depuis mai 2015, "il n'existe en Gambie aucun mécanisme légal légitime pour statuer sur le recours électoral du président sortant", a estimé lundi l'Ordre des avocats gambiens.

De plus, désigner les juges manquants pour statuer sur ce recours entraînerait inévitablement des délais supplémentaires, selon l'opposition, qui dénie de toute façon au président sortant, la légitimité pour exercer ce pouvoir. Les juges de la Cour suprême sont nommés par le chef de l'Etat, sur proposition d'une commission spécialisée, et doivent prêter serment lors d'une cérémonie publique.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 15/12/2016 à 11h56, mis à jour le 15/12/2016 à 12h01