Sénégal-Gambie: Dakar hausse le ton

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Le 11/12/2016 à 12h55

Le Sénégal "rejette et condamne fermement" la contestation des résultats de l’élection présidentielle gambienne par Yahya Jammeh. Il met en garde celui qu'il appelle "président sortant" contre toute tentative de confiscation du pouvoir.

Le Sénégal n’est pas disposé à laisser Yaya Jammeh confisquer la victoire de l’opposition lors du scrutin du 1er décembre. Après avoir accepté sa défaite, le président gambien, à qui, du fait de ce seul geste, on commençait à établir une réputation de démocrate, est revenu à sa vraie nature, en contestant l’issue du scrutin qui l’a donné perdant.

"Le Sénégal rejette et condamne fermement cette déclaration qui remet en cause celle par laquelle le président sortant avait lui-même reconnu sa défaite après la publication des résultats du scrutin par la Commission électorale indépendante", écrit le ministère sénégalais des Affaires étrangères dans un communiqué transmis à la presse.

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Pour rappel, d’après la Commission électorale indépendante, Adama Barrow a obtenu 45,6 % des voix devant Yahya Jammeh, crédité de 36,7 %. Mais pour le président sortant, Barrow a obtenu la majorité des suffrages sur la base d’une erreur survenue au moment de la compilation des votes.

Si, du côté de Dakar, on est habitué aux revirements du président gambien, il n’est pas sûr que, cette fois-ci, on laisse passer. Le Sénégal "considère comme nulle et sans effet cette déclaration qui constitue une grave atteinte aux principes élémentaires de la démocratie".

Le Sénégal "exige que le président sortant respecte sans condition le choix démocratique librement exprimé par le peuple gambien, qu’il organise la transmission pacifique du pouvoir et assure la sécurité et l’intégrité physique du président nouvellement élu". En outre, Dakar "met solennellement en garde le président gambien contre toute atteinte à la sécurité des ressortissants sénégalais vivant en Gambie".

Enfin, le Sénégal "engage instamment la CEDEAO, l’Union africaine et l’ONU à œuvrer ensemble et à prendre toutes les mesures qu’imposent la sauvegarde des résultats du scrutin présidentiel en Gambie et le respect de la souveraineté du peuple gambien".

S’achemine-t-on vers une intervention sénégalaise en Gambie pour rétablir la légitimité démocratique ? Difficile à dire, mais c’est une éventualité que n’excluent pas certains observateurs, compte tenu des termes « très durs » utilisés par le communiqué du ministère des Affaires étrangères. Mais il faudrait, pour cela, au préalable, un mandat de la CEDEAO, de l’UA ou de l’ONU, précisent ces observateurs.

Par Ibrahima Diallo (Dakar, correspondance)
Le 11/12/2016 à 12h55