Vers 08h, ce lundi matin, la bouillante mégapole de 10 millions d'habitants, quadrillée par les forces de la police et de la garde républicaine, n'était que l'ombre d'elle-même: grandes avenues vides, avec une circulation presque inexistante. Le bruit de fond habituel de la capitale de la République démocratique du Congo- coutumière des violences meurtrières à caractère politique - a disparu. Dans le nord et l'est de la ville, les militaires et policiers sont plus nombreux dans les rues que les passants, tandis que les transports collectifs publics fonctionnent à un rythme très ralenti.
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De nombreuses entreprises ont donné pour consigne à leurs employés de ne pas venir travailler, et aucun "blanc-bleu" ainsi que l'on surnomme les écoliers à cause de leur uniforme n'est visible dans les rues, alors que les écoles secondaires ne sont pas encore en vacances. Sur la place Victoire, emblématique du cœur animé de la ville, la grande majorité des commerces sont fermés. Les étals ont disparu de la place, qui grouille habituellement. Un camion blindé de la police antiémeute est stationné dans un coin.
Echecs des négociations
Samedi soir, les évêques catholiques de la Conférence épiscopale nationale du Congo ont annoncé la suspension de leur médiation en vue de permettre une sortie apaisée de la crise politique qui ronge le pays depuis la réélection contestée de M. Kabila en 2011. Âgé de 45 ans, M. Kabila est au pouvoir depuis 2001, et la Constitution lui interdit de se représenter. Ses détracteurs l'accusent d'avoir tout fait pour torpiller le processus électoral et de vouloir se maintenir au pouvoir à vie.
Les négociations sous l'égide des évêques sont destinées à permettre l'instauration d'une période de transition politique associant le pouvoir et l'opposition jusqu'à l'élection d'un nouveau président. Elles n'ont avancé sur aucun des points de contentieux les plus importants, et sont censées reprendre mercredi.
Depuis l'annonce de la suspension de la médiation épiscopale, Kinshasa est dans l'expectative et craint des violences. Avant l'ouverture de ces pourparlers, la coalition du Rassemblement constituée autour de l'opposant historique Étienne Tshisekedi avait menacé de jeter la population dans la rue le 19 décembre dans tout le pays pour chasser M. Kabila du pouvoir en cas d'échec des négociations. Le Rassemblement n'a cependant donné aucun mot d'ordre en ce sens après la suspension des discussions.