Un mort, cinq blessés et un vingtaine de personnes arrêtés à Kanilai, le village natal de l’ancien président Yahya Jammeh. De plus, l’armée gambienne aidée par les forces de la Micéga est aux trousses d’autres personnes dont le chef de village de Kanilai. Voilà le bilan que l'on a déploré des évènements qui se sont produits le jeudi 2 juin.
Depuis quelques jours, Kanilai, le village natal de Yahya Jammeh, l’ancien président de la Gambie est le théâtre de plusieurs manifestations de la part d’une partie de la population. Un dernier bilan de cette manifestation fait état « d’une personne morte, 5 blessés, 22 autres personnes arrêtées », a affirmé Mai Ahmed Fatty le ministre gambien de l’intérieur. Par ailleurs, une bonne partie des dirigeants de cette manifestation dont le chef de village de Kanila sont activement recherchées par la police gambienne aidée par l’armée nationale et les forces de la Mission de la Cedeao en Gambie (Micega).
Des frères de Jammeh recherchés
Ces manifestants qui réclament le départ sans condition des forces de la Micega et de l’armée gambienne, du village de Kanilai «étaient descendus dans les rues, armes traditionnelles à la main et brûlant des pneus sur les routes», selon Mai Ahmed Fatty.
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Derrière ces manifestants, se cachent d’autres personnes dont Edouard Jammeh, frère de l’ancien président Yahya Jammeh et «le chef de village de Kanilai qui en est l’un des principaux instigateurs». Pire encore, elles ont incité les populations à employer la violence contre les forces de la Micega.
Egalement en cavale, Sainey Sané, lui aussi demi-frère de Yahya Jammeh, est activement recherché par la police et l’armée gambienne qui le soupçonne d’avoir liquidé les actifs de la ferme de son frère. Il avait été vu quelques jours auparavant dans une vidéo. Il menaçait d’user «de tous les moyens nécessaires pour reprendre le contrôle des biens laissés par son frères et qui sont actuellement gelés par la justice gambienne».
"le MFDC n'est pas à Kanilaï"
Certaines populations de Kanilai accusent, pour leur part, les «militaires Sénégalais» qui sont sous la bannière de la Cedeao, de tenir leur village en «état de siège». Ils accusent également les soldats «de déverser leur colère sur les villageois à chaque fois qu’ils ont accrochage avec les rebelles du mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc)». Selon toujours ces manifestants, «les soldats de la Micega se trompent de cible. «Ils savent très bien où se cachent les rebelles dans la forêt, cependant, ils préfèrent se balader dans les rues de Kanilai pour semer la terreur», ont soutenu quelques habitants.
Les forces de la Cedeao n’avaient pas comme mission initiale d’aller combattre contre les rebelles du Mfdc mais plutôt de sécuriser la Gambie après le départ de Jahya Jammeh.
Quoi qu'il en soit, la multiplication des incidents risque de nuire à l'image de la force Ouest-africaine qui ne tardera pas à être perçue comme une force d'occupation. Il s'agit d'un scénario très probable. Surtout que les habitants du fief de Yahya Jammeh ont perdu tous leurs privilèges à la chute de l'ex-fort de Banjul.
Réaction tardive de la CEDEAO
Deux jours, après ces évènements, les chefs d'Etat de la CEDEAO qui se réunissait à Monrovia ont prorogé le mandat de la Micega d'une année. Et, le communiqué final du sommet du 4 juin n'a rien dit à propos de ces évènements. Ce n'est qu'hier mardi 6 juin qu'un communiqué a été diffusé par la Commission de la CEDEAO via les réseaux sociaux pour déplorer ce qui s'est produit à Kanilaï quatre jours auparavant.
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"La Commission de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a appris avec beaucoup d’inquiétude les évènements survenus le 2 juin 2017 à Kanilai (ville située à 119 km à l’Est de Banjul), entre les habitants de cette localité et la force d’intervention de la CEDEAO en Gambie (ECOMIG) qui aurait fait un mort et cinq blessés", écrit la Commission de la CEDEAO dans le document.
Elle rappelle également que la mission des forces ouest-africaines "est d’appuyer le gouvernement gambien à stabiliser le pays dont la situation sécuritaire demeure fragile". Condamnant tout acte de violence, le communiqué conclut par un appel au calme.