La médiatrice sud-africaine de la République a annoncé mercredi l'ouverture d'une enquête préliminaire après la révélation dans la presse de milliers de courriels accusant le président Jacob Zuma et ses proches de corruption dans l'attribution de marchés publics.
Les investigations conduites par Busisiwe Mkhwebane visent des accusations de "malhonnêteté" et "d'enrichissement illicite" par plusieurs hauts fonctionnaires d'entreprises publiques, a précisé le bureau de la médiatrice dans un communiqué.
Ces entreprises sont la compagnie ferroviaire Transnet, le transporteur Prasa et surtout l'électricien Eskom, dont le PDG Brian Molefe, un proche du chef de l'Etat, a été en quelques mois remercié, réinstallé puis à nouveau démis de ses fonctions.
Les courriels publiés dans la presse accusent notamment la puissante famille d'affaires Gupta d'avoir touché près de 370 millions d'euros lors de la signature d'un contrat entre Transnet et une entreprise chinoise pour l'achat de locomotives.
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Le Congrès national africain (ANC) au pouvoir s'est réjoui de l'ouverture de l'enquête, jugeant "nécessaire d'établir la véracité de ces courriels et des accusations".
Le chef de l'opposition Mmusi Maimane a pour sa part exigé l'extension de l'enquête à tous les noms, dont ceux de ministres, et entreprises mis en cause dans les courriels publiés. Cette investigation "épargne les vrais acteurs" de la corruption, a regretté le dirigeant de l'Alliance démocratique (DA).
Ce nouveau dossier vient s'ajoute à une déjà longue liste d'affaires qui mettent en cause Jacob Zuma et son entourage.
En octobre dernier, la prédécesseure de Mme Mkhwebane, Thuli Madonsela, avait publié un rapport explosif où elle décrivait par le menu l'implication des Gupta dans la gestion des affaires de l'Etat et leurs pressions pour obtenir des contrats publics.
Ce rapport n'a pour l'heure pas été repris par la justice.
Si les scandales autour de Jacob Zuma irritent l'opposition, qui réclame régulièrement sa démission, ils ont également créé des remous au sein de l'ANC.
Deux camps s'y affrontent à quelques mois de la conférence qui doit en décembre désigner le successeur de Zuma en vue des élections générales de 2019. Les anti-Zuma sont menés par le vice-président Cyril Ramaphosa, alors que ses fidèles sont rassemblés derrière son ex-épouse et ancienne patronne de l'Union africaine (UA) Nkosazana Dlamini-Zuma.
Ces dernières semaines, Ramaphosa a plusieurs fois réclamé toute la lumière sur la corruption au gouvernement, mettant en garde contre les dérives d'un "Etat-mafia" en Afrique du Sud.