La Cour suprême d'appel de Bloemfontein, dans le centre de l'Afrique du Sud, pourrait confirmer ou annuler 783 chefs d'inculpation pour corruption, fraude fiscale et extorsion de fonds qui pèsent sur le chef de l'État.
Zuma est accusé d'avoir touché des pots-de-vin, alors qu'il était vice-président, pour un contrat d'armement de 4,2 milliards d'euros signé en 1999 par l'Afrique du Sud avec plusieurs entreprises européennes, dont la française Thales.
Il avait alors été formellement inculpé, mais ces poursuites avaient été abandonnées en 2009 au motif qu'elles avaient été, selon le parquet général, motivées politiquement.
Zuma était alors engagé dans une furieuse bataille politique avec le président de l'époque, Thabo Mbeki.
Limogé de son poste de vice-président en 2005 à cause de son inculpation, Jacob Zuma avait ensuite pris sa revanche en prenant en 2007 la direction du Congrès national africain (ANC, au pouvoir), puis en écartant Mbeki de la tête du pays un an plus tard.
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Depuis 2009, le principal parti d'opposition, l'Alliance démocratique (DA), essaie d'obtenir la réouverture du dossier.
Il a enfin obtenu satisfaction en 2016, lorsqu'un tribunal de Pretoria a jugé "irrationnel" l'abandon des poursuites engagées contre Jacob Zuma.
Le parquet général et Zuma ont fait appel de cette décision.
Pression politique
Mais, à la surprise générale, les avocats du chef de l'État ont semblé renoncer à obtenir l'abandon des poursuites contre leur client, lors de l'audience qui s'est déroulée le mois dernier devant la Cour suprême d'appel de Bloemfontein.
"Je ne défends pas" l'abandon des poursuites, avait alors lâché à la barre Kemp J. Kemp en réponse à la question d'un juge.
Selon toute vraisemblance, la Cour de Bloemfontein devrait donc rejeter vendredi l'appel du président. Une telle décision ouvrirait théoriquement la voie à un procès de Jacob Zuma.
"Si la Cour suprême dit qu'il doit être poursuivi (...), il fera probablement appel et portera la procédure jusqu'à la Cour constitutionnelle. Cela prendra du temps", a commenté auprès de l'AFP l'analyste politique Ralph Mathekga, "mais cela va faire monter la pression politique contre lui".
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Ce jugement intervient alors que le président est affaibli par une série de scandales qui perturbent la fin de son règne.
Chef de l'État depuis 2009, Zuma doit quitter le pouvoir au terme de son deuxième et dernier mandat à l'issue des élections générales prévues en 2019.
Son parti, l'ANC, doit choisir en décembre celui ou celle qui lui succèdera à sa tête et, en cas de victoire du parti en 2019, à celle du pays.
Selon les analystes, la décision de la Cour de Bloemfontein devrait peser sur ce choix, qui divise l'ANC.
Dans cette course, Zuma soutient son ex-épouse Nkosazana Dlamini-Zuma avec l'objectif, disent ses détracteurs, qu'elle garantisse son immunité judiciaire. Son principal adversaire est l'actuel vice-président Cyril Ramaphosa.
Jusqu'à présent, Zuma a toujours réussi à passer au travers des mailles des multiples filets judiciaires que ses adversaires ont tendus sur son chemin. À une exception près. L'an dernier, il a été contraint de rembourser une partie des travaux de "sécurité" financés par l'État dans sa résidence privée.