À 51 ans, l'ex-attaquant vedette du PSG et du Milan AC se retrouve de nouveau en finale de l'élection présidentielle, après être arrivé très nettement en tête du scrutin du 10 octobre dans ce petit pays anglophone d'Afrique de l'Ouest, l'un des plus pauvres du monde.
L'ancien avant-centre de génie affrontera en "finale" le vice-président Joseph Boakai lors d'un second tour prévu en novembre.
Seul Africain à avoir remporté le Ballon d'or en 1995, Weah était largement absent du pays pendant la guerre civile qui a fait quelque 250.000 morts entre 1989 et 2003.
Entré en politique à la fin du conflit, il a été battu au second tour de la présidentielle de 2005 par Ellen Johnson Sirleaf, première femme élue chef d'État en Afrique, puis comme candidat à la vice-présidence en 2011.
Son parti criera alors en vain à la fraude. Lors d'une réunion de levée de fonds à New York en 2012, la présidente sortante confiera avoir appris que certaines commerçantes de Monrovia avaient confisqué les cartes d'électeurs de leurs fils pour les empêcher d'aller voter pour des candidats plus jeunes... comme George Weah.
Quinze ans après avoir raccroché les crampons, "Mister George" assure avoir "gagné en expérience" sur le terrain politique et appris de ses échecs.
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En décembre 2014, il remporte son premier mandat en devenant sénateur de la province de Montserrado (ouest, où est située Monrovia), distançant très largement l'un des fils de Mme Sirleaf.
"Personne ne devrait avoir peur du changement. Regardez ma vie: je suis passé de footballeur à homme politique", a-t-il lancé à ses partisans pendant la campagne.
"Vous pouvez vous aussi être cette personne. Nous sommes pareils", a ajouté l'ex-star du ballon rond, élevé par sa grand-mère à Gibraltar, un bidonville de Monrovia.
Maison brûlée
À ses critiques, qui jugent son programme trop vague et pointent son absentéisme au Sénat, il rétorque par son bilan en matière de santé et d'éducation - "mes dossiers sont impeccables", dit-il -, la proximité qu'il cultive avec la population, et des promesses. "Je vais m'assurer que nos hôpitaux soient équipés, que nos médecins et nos infirmières soient formés et qu'ils soient encouragés à travailler".
Weah a choisi comme colistière Jewel Howard-Taylor, l'ex-épouse de l'ancien chef de guerre et président Charles Taylor (1997-2003), une sénatrice respectée.
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Mais George Weah, tout en affirmant que "tout le monde était l'ami de Charles Taylor", le répète: il n'entretient "pas de contact" avec l'ancien président, condamné en 2012 par la justice internationale à 50 ans de prison pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre en Sierra Leone voisine.
Pendant la guerre civile, Weah avait plaidé pour la paix au Liberia, appelant l'ONU à sauver son pays. En rétorsion, des rebelles avaient brûlé sa maison de Monrovia et pris en otage deux de ses cousins.
Du Tonnerre au Rocher
Membre de l'ethnie kru, une des principales du Liberia, et ne faisant donc pas partie de l'élite descendante d'anciens esclaves américains qui dominent traditionnellement la vie politique, George Weah a vu sa vie basculer une première fois en 1988, à l'âge de 22 ans, grâce à Arsène Wenger.
Alors entraîneur de Monaco, le tacticien français l'avait déniché au Tonnerre Yaoundé, au Cameroun, et fait venir au pied du Rocher monégasque. Il est resté son "guide" et "comme un père", avait confié "Mister George" en 2014 à l'AFP.
Pendant 14 ans, le solide attaquant allait jouer dans les plus grands clubs européens - Paris SG et Milan AC, à l'apogée de sa carrière, puis Chelsea, Manchester City, Marseille -, amassant une fortune considérable.
Mais il a gardé ses attaches dans la banlieue de Monrovia, où il tape encore le ballon avec des amis. "Même si je suis élu président du Liberia, on me verra jouer ici. Je serai toujours ici", assure-t-il.
Côté foot, la relève semble en tout cas assurée. À 17 ans, son fils cadet Timothy a signé en juillet son premier contrat professionnel avec le Paris SG, où son frère aîné, George Weah Jr, 30 ans, n'avait pas réussi à percer.