Niger: que viennent donc faire ces 800 "soldats fantômes" américains?

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Le 25/10/2017 à 15h50, mis à jour le 25/10/2017 à 17h17

Nul ne pouvait imaginer la présence d'autant de soldats américains sur le continent, encore moins dans le pays le plus pauvre du monde. La menace des groupes djihadistes pourrait l'expliquer, le fait que le Niger soit la première réserve d'uranium au monde aussi...

Avec 800 soldats américains et une importante base de drones déployés sur son territoire, le Niger constitue la tête de pont des forces des États-Unis pour lutter contre les groupes armés islamistes en Afrique de l'Ouest.

L'embuscade qui a coûté la vie à quatre soldats américains début octobre a révélé l'ampleur de cette présence militaire et provoqué une polémique aux États-Unis, conduisant l'armée à dévoiler des chiffres et à justifier son engagement.

Le chef d'état-major des armées américaines, le général Joe Dunford, a ainsi révélé que c'est le Niger qui abrite actuellement la plus importante force US en Afrique. Au total 6.000 soldats américains sont déployés sur le continent africain - mais une large partie d'entre eux gardent les ambassades.

Nucléaire et nébuleuse islamiste

Ce sont surtout les forces spéciales qui sont actives contre les groupes djihadistes. Les effectifs de ces troupes d'élite (qui proviennent de divers corps de l'armée américaine) sont montés à 1.300 hommes en 2017, contre 450 en 2012.

Le choix du Niger se justifie d'abord sur le plan géostratégique. "Le Niger est proche de deux grandes menaces, Boko Haram et Al-Qaïda au Maghreb islamique" (Aqmi), explique une source sécuritaire de la région. Ce que ne dit pas cette source, c'est que le Niger est également la première réserve d'uranium de la planète, principale ressource utilisée dans l'armement nucléaire. 

Les jihadistes nigérians de Boko Haram et Aqmi, dont les cellules opèrent sur toute la zone sahélienne, sont en effet les deux groupes les plus actifs en Afrique de l'Ouest.

De plus "les Etats-Unis ont des accords politiques avec le Niger", souligne cette source. Le Niger a permis la construction d'une importante base américaine de drones à Agadez, dans le centre du pays, dont le coût est estimé à une centaine de millions de dollars, et qui donne aux États-Unis une plate-forme de surveillance de premier plan.

Les Américains ont de leur côté "formé et équipé" un bataillon de l'armée nigérienne, et "ils font beaucoup de missions conjointes", selon la source sécuritaire.

Davantage d'actions militaires

Autre atout, le Niger est perçu comme un pays relativement stable politiquement, comparé à ses voisins, précise la source.

Frontalier de la Libye au nord, du Nigeria au sud, du Mali à l'ouest, le Niger, dont le territoire est pour l'essentiel désertique, est au coeur de nombreux trafics en Afrique de l'Ouest : drogues, armes, migrants clandestins, marchandises de toute sorte. Or "les réseaux terroristes se financent avec les trafics", relève une source militaire française. Lutter contre ces trafics permet d'assécher les sources de financement des groupes jihadistes.

Le général Dunford a indiqué lundi que les Etats-Unis allaient encore renforcer leur présence, car "l'Afrique est l'un des endroits où nous savons que l'ISIS (le groupe Etat islamique) espère renforcer sa présence". Selon l'armée américaine, l'embuscade où les quatre soldats américains sont morts a été perpétrée par un groupe lié à l'Etat islamique. Le déploiement américain au Niger apparaît complémentaire de celui des forces françaises projetées au Sahel pour l'opération anti-jihadistes Barkhane.

Quelque 4.000 militaires français sont déployés dans plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest, principalement au Tchad et au Mali. L'armée américaine apporte notamment une aide en matière de renseignement à l'armée française. Les Américains semblent s'engager vers davantage d'actions militaires, selon les propos du général Dunford et ceux tenus par le sénateur républicain Lindsey Graham vendredi.

"Nous allons assister à davantage d'actions en Afrique", avait déclaré ce dernier à la presse à la sortie d'un entretien avec le secrétaire américain à la Défense James Mattis.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 25/10/2017 à 15h50, mis à jour le 25/10/2017 à 17h17