Trois jours après la chute du plus vieux dirigeant en exercice de la planète, M. Mnangagwa a officiellement été investi vendredi chef de l'Etat, devant des dizaines de milliers de partisans. Il y a seulement deux semaines, sa carrière politique semblait irrémédiablement brisée. Victime des ambitions politiques de la Première dame Grace Mugabe, ce cacique du régime était sèchement limogé de la vice-présidence du pays, perdant son statut de dauphin naturel du chef de l'Etat.
Sa déchéance n'aura toutefois pas dépassé deux semaines. Son éviction a provoqué un coup de force de l'armée, catégoriquement hostile à l'ascension de Grace Mugabe. Lui est resté prudemment loin de la crise, en exil en Afrique du Sud voisine.
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Il en est revenu triomphalement mercredi, accueilli en héros par les partisans du parti au pouvoir, la Zanu-PF, qui en ont fait leur nouveau chef. A tout un pays sorti épuisé de l'ère Mugabe, il a promis d'entrer dans une "nouvelle démocratie" et, surtout, de relever l'économie, au bord de l'asphyxie financière.
Plus qu'une revanche, son arrivée à la tête du pays constitue un aboutissement pour ce héros de la guerre dite de "libération", aux rêves de pouvoir longtemps contrariés. Dès l'indépendance du Zimbabwe en 1980, Robert Mugabe a mis Emmerson Mnangagwa sur orbite en lui confiant d'importants postes ministériels de premier plan, la Défense et les Finances notamment.
En 2004, il est victime une première fois de son ambition. Accusé d'intriguer pour le poste de vice-président, il est retrogradé dans la hiérarchie de la Zanu-PF. Et sa rivale Joice Mujuru remporte la course.
Il n'accède finalement qu'en 2014 à la vice-présidence, lorsque Mme Mujuru fait les frais d'une campagne de dénigrement orchestrée, déjà, par l'incontrôlable et ambitieuse Grace Mugabe.