Cameroun. L’armée dément l'envoi de renforts dans les régions anglophones

Depuis un an, les violences secouent le Nord-Ouest et le Sud-Ouest du pays.

Depuis un an, les violences secouent le Nord-Ouest et le Sud-Ouest du pays.. DR

Le 07/12/2017 à 09h08, mis à jour le 07/12/2017 à 11h49

Aucune nouvelle unité n’a été déployée sur le terrain depuis octobre 2016, à en croire le haut commandement de l’armée camerounaise, qui revendique néanmoins la nécessité de sécuriser le territoire.

Ces dernières semaines, l’on entend beaucoup parler de militarisation des régions anglophones au Cameroun. Notamment de la part des députés de l’opposition, dont certains boycottent la session budgétaire en cours. Faux et archifaux, rétorque le haut commandement de l’armée. «La crise date d’octobre 2016 et depuis cette date, aucune nouvelle unité n’a été créée dans la région du Sud-Ouest», indique-t-on au ministère de la Défense.

Cette source souligne cependant que la région reçoit de manière sporadique des éléments qui ont été affectés dans des unités et bataillons existants. «Nous sommes plutôt en sous-capacité», souligne ce général de l’armée.

«Les populations sont le centre de gravité de la crise que nous gérons. Nous ne pouvons donc pas les harceler alors que c’est d’elles que nous pouvons recevoir la bonne information», souligne le général Melingui Nouma.

Il assure que dans diverses localités, la présence militaire a permis de faire reculer l’insécurité, de garantir la protection des bâtiments publics et d’assurer le fonctionnement des services qui y sont logés. Pour le général, «ceux qui veulent qu’on réduise la présence des forces dans la région du Sud-Ouest ont sans doute une idée derrière la tête».

Du côté du Nord-Ouest, le général de brigade Agha Robinson assure que «la région est calme. Les populations vaquent à leurs occupations sans problème. Les forces de défense, notamment celles de troisième catégorie, sont dans les casernes. Celles de première et deuxième catégories, police et gendarmerie, s’occupent du maintien de l’ordre, elles protègent les populations et assurent la protection des axes de communication à travers les patrouilles».

Sur la question de la militarisation de la zone, le général fait savoir «qu’il n’y a pas de militaires déployés sur les axes. Les militaires sont effectivement dans les casernes. En stand-by, ils attendent les instructions au cas où la situation devait dégénérer. Pour le moment, ils n’ont aucun intérêt à intervenir parce que la gendarmerie et la police s’occupent de la situation actuelle», assure-t-il. Et de conclure: «II n’y a pas d’apport supplémentaire de gendarmes et policiers dans le Nord-Ouest, mais plutôt des relèves. C’est peut-être cela qui donne l’impression qu’il y a surplus».

Sur le recrutement supposé de militaires par les sécessionnistes, le haut commandement avoue que dans l’une des localités du Nord-Ouest, Ndu notamment, un militaire à la retraite a effectivement tiré sur le pick-up de l’armée. Les généraux reconnaissent par ailleurs que les sécessionnistes recrutent parmi ceux qui ont été exclus de l’armée ou des frustrés qui n’ont pas eu une grande carrière.

Par Elisabeth Kouagne (Abidjan, correspondance)
Le 07/12/2017 à 09h08, mis à jour le 07/12/2017 à 11h49