Cameroun: la société civile appelle à la libération de l’écrivain Patrice Nganang

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Le 11/12/2017 à 13h43, mis à jour le 11/12/2017 à 13h46

Alain Patrice Nganang, activiste des droits humains et écrivain camerounais, a été enlevé par des agents de police de l’aéroport international de Douala et conduit dans un lieu inconnu pour outrage au chef de l’Etat. Des ONG de défense des droits de l’homme réclament sa libération.

Pour le Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale (REDHAC) et Tribunal Article 53, une association de défense de droits humains au Cameroun, Alain Patrice Nganang, activiste et écrivain camerounais, a été enlevé par des agents de police de l’aéroport international de Douala et conduit dans un lieu inconnu.

Le 6 décembre dernier, l’écrivain devait regagner Harare au Zimbabwe. Mais il n’est jamais arrivé. Pourtant, l’homme de lettres a bien enregistré ses bagages. «C’est au moment de l’embarquement que des agents de sécurité de l’aéroport l’ont interpellé et débarqué de l’avion pour une destination qui reste jusqu’à ce jour inconnue», indique le REDHAC dans un communiqué.

Patrice Nganang était arrivé au Cameroun quelques semaines auparavant afin de terminer ses recherches pour son prochain livre sur le génocide des peuples Bamilékés durant la guerre d’indépendance au Cameroun. Il était aussi question, selon le REDHAC, d’apporter son soutien aux populations et activistes des régions du nord-ouest et du sud-ouest du pays. C’est dans ce cadre notamment, selon l’ONG, qu’il est allé remettre des produits de première nécessité aux manifestants incarcérés à la prison centrale de Buea dans le sud-ouest.

Le REDHAC condamne «l’enlèvement, l’arrestation et la détention arbitraire et au secret» de l’écrivain, tout en appelant à sa libération. Sur Internet également, des appels à la libération de l’auteur se sont multipliés. Patrice Nganang est l'auteur de "Temps de chien", prix Marguerite Yourcenar et Grand prix de la littérature d'Afrique noire. Il enseigne la littérature à l'université de l'Etat de New York (Suny). Quelques jours avant, il avait publié sur le site du magazine Jeune Afrique, une tribune critique sur la gestion de la crise anglophone.

«L’interpellation de Monsieur Nganang est survenue à la suite d’une promesse de mort sur la personne du chef de l’État camerounais, proférée par l’intéressé à travers un message posté sur sa page facebook, le 3 décembre 2017 à 19 heures 27 minutes.

Au moment de son interpellation, Monsieur Nganang était en possession de deux passeports: un passeport ordinaire camerounais et un passeport des États-Unis d’Amérique. Il est actuellement en exploitation dans les services de police, où il a requis et obtenu le bénéfice de l’assistance d’un avocat, conformément aux lois et règlements en vigueur au Cameroun», a de son côté indiqué le ministre de la Communication, Issa Tchiroma Bakary.

Le message en question, attribué à l'écrivain, était libellé ainsi: «Faites-moi confiance, et je ne blague pas. Je l'ai devant moi, lui Biya, et j’ai un fusil, je vais lui donner une balle exactement dans le front. Je le dis depuis Yaoundé où je suis. Lui aussi. Je l'ai dit à Paris devant Abdou Diouf et à New York devant la Maison Blanche. Ceci est donc une répétition. Un Bangangte est trop noble pour fuir à cause de ce qu'il va faire si on le laisse. Qu'il vienne m'arrêter s'il a encore des couilles».

Par Elisabeth Kouagne (Abidjan, correspondance)
Le 11/12/2017 à 13h43, mis à jour le 11/12/2017 à 13h46