Devant des milliers de délégués réunis à Johannesburg, Zuma a admis, lors de son dernier discours de chef du parti, que la population n'était pas "satisfaite" de l'ANC, notamment "en termes de corruption, de criminalité et d'emploi".
"Notre échec à régler les problèmes a commencé à peser sur notre mouvement", a-t-il ajouté, "notre peuple est frustré quand nous perdons du temps à nous quereller entre nous plutôt que de résoudre les défis quotidiens auxquels il est confronté".
Le chef de l'Etat a ouvert samedi par ce discours la conférence de son parti qui doit désigner son successeur.
Au terme de plusieurs mois d'une campagne très serrée qui a déchiré le parti, cette course se résume à un duel au couteau entre l'actuel vice-président Cyril Ramaphosa et l'ex-épouse du chef de l'Etat, Nkosazana Dlamini Zuma.
Le vainqueur - qui devrait être désigné dimanche - se retrouvera en bonne position pour devenir le prochain chef de l'Etat en 2019.
L'ANC domine la vie politique sud-africaine depuis la chute de l'apartheid et l'arrivée au pouvoir de Nelson Mandela à l'issue des premières élections libres de l'histoire du pays en 1994.
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Mais il est aujourd'hui en sérieuse perte de vitesse, affaibli par une crise économique persistante caractérisée par un taux de chômage record de plus de 27% et les multiples accusations de corruption qui visent Jacob Zuma.
Désastreux
La frustration de millions de Sud-Africains noirs - laissés pour compte de la nation "arc-en-ciel" - est telle que l'ANC pourrait perdre en 2019 sa majorité absolue.
Le parti a subi l'an dernier un revers électoral retentissant en perdant le contrôle de villes telles que Johannesburg et Pretoria.
A leur arrivée samedi au centre de conférences où se tient, jusqu'à mercredi, la réunion de l'ANC, les partisans de Ramaphosa ont exprimé sans retenue leur rancoeur contre le "clan" Zuma.
"Son héritage est désastreux", a déclaré à l'AFP Tefu Velaphi, 38 ans, un militant de la province du Gauteng (Johannesburg et Pretoria). "Il ne s'intéresse qu'à lui et à ses amis", a-t-il ajouté. "Lorsque Cyril sera élu, le pays va se remettre au travail".
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A 65 ans, Cyril Ramaphosa, ancien syndicaliste reconverti en richissime homme d'affaires, est soutenu par l'aile modérée du parti et très apprécié des marchés. Pendant sa campagne, il a dénoncé la corruption d'un gouvernement dont il fait pourtant partie, lui ont rappelé ses critiques, depuis 2014.
Face à Ramaphosa, l'ancienne ministre et patronne de l'Union africaine (UA) Nkosazana Dlamini Zuma, 68 ans, insiste sur la "transformation radicale de l'économie" au profit de la majorité noire, un thème très cher à Jacob Zuma.
"Elle peut unir notre organisation", a plaidé auprès de l'AFP Nojiyeza Mthokozisi, "elle peut relancer notre mouvement qui s'est fait spolier par le monopole des Blancs".
Les adversaires de Mme Dlamini Zuma l'accusent d'être une "marionnette" de son ex-époux et la soupçonnent de lui avoir promis l'immunité judiciaire.
Fraudes
Lors de son intervention rarement applaudie, Zuma, accusé dans de nombreux scandales, s'en est pris aux juges qui, a-t-il regretté, "érodent petit à petit l'autorité de l'ANC".
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Les quelque 5.200 délégués réunis à Johannesburg devaient entamer samedi soir les opérations de vote par la proclamation des candidats, pour des résultats espérés dimanche.
A l'approche du vote, les rumeurs de corruption vont bon train. "C'est un secret de polichinelle que les votes peuvent être achetés", a expliqué à l'AFP Amanda Gows, professeur de sciences politiques à l'université de Stellenbosch.
Malgré les appels à l'unité lancés par les deux camps, leurs positions très éloignées laissent planer, selon de nombreux experts, un risque réel d'éclatement du parti.
Cette conférence de l'ANC marque la fin des deux quinquennats de Jacob Zuma à la tête du parti. Son issue risque aussi de peser sur la suite de son mandat de chef de l'Etat, qui s'achève en 2019.
Si Cyril Ramaphosa devient le nouveau dirigeant du parti et ses proches décrochent des postes-clés, "cela lui donnerait les voix nécessaires pour remplacer Zuma" avant la fin de son mandat présidentiel, avance Ben Payton, analyste chez Risk Consultants.