Des milliers de personnes ont manifesté à l'appel de l'opposition comme presque chaque semaine depuis début septembre, réclamant le départ du président Gnassingbé, héritier d'une famille au pouvoir depuis plus de 50 ans, a constaté un journaliste de l'AFP. Des marches avaient déjà eu lieu mercredi et jeudi.
Pendant ce temps, le dirigeant togolais présidait dans la capitale fédérale du Nigeria la 52e Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la Cédéao, dont il est le président en exercice.
La grave crise politique qui dure depuis bientôt quatre mois n'était même pas à l'ordre du jour officiel du sommet, qui devait notamment aborder la question de la réintégration du Maroc dans l'organisation régionale et la situation sécuritaire en Guinée Bissau, où M. Gnassingbé joue un rôle de médiateur.
Vendredi pourtant, la coalition de l'opposition togolaise à l'origine de la contestation populaire avait demandé aux dirigeants ouest-africains "de tout mettre en œuvre" à Abuja pour que le régime togolais "intériorise et accepte enfin l’alternance".
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"Le Togo est une inacceptable anomalie politique au sein de notre espace ouest-africain et il convient d'y mettre fin (...) Aidez-nous à empêcher que le Togo, par l’entêtement de Faure Gnassingbé, ne devienne le terreau facile et fertile de situations qui peuvent très vite devenir incontrôlables", avait affirmé l'opposition.
Faure Gnassingbé a succédé en 2005 avec le soutien de l'armée à son père, le général Gnassingbé Eyadéma, qui a dirigé le pays pendant 38 ans. Il a depuis été réélu à deux reprises lors de scrutins très contestés par l'opposition.
Dans une interview au magazine Jeune Afrique à paraître dimanche, il n'a pas exclu de se représenter en 2020 tout en promettant d'ouvrir le dialogue avec l'opposition.
"Les Constitutions disposent pour l'avenir, non pour le passé", a répondu le président togolais, interrogé sur la volonté de l'opposition de limiter le nombre des mandats présidentiels, avec effet rétroactif, dans la réforme en cours de la Constitution.
Questionné sur la possibilité d'une nouvelle candidature en 2020, Gnassingbé a simplement assuré qu'il ne "se situait pas encore dans cette perspective".
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Il a par ailleurs indiqué que le dialogue avec l'opposition s'instaurera "très rapidement en ce qui concerne sa phase préparatoire. Avant les fêtes de fin d'année".
Le gouvernement a entamé depuis mardi, des "consultations" avec différents partis politiques en vue de la tenue d'un dialogue réclamé par la communauté internationale. Mais la coalition d'opposition a décidé de boycotter ces discussions.
Dans son interview, le président a précisé que le dialogue devra inclure les partis d'opposition non représentés au Parlement.
"Nous avons, au sein de l'opposition, des partis représentés à l'Assemblée et des partis extraparlementaires : ils devront décider s'ils y viennent séparément ou en coalition. Nous avons aussi des partis qui n'ont ni manifesté ni revendiqué et qui agissent dans le cadre des institutions. Ceux-là aussi ont le droit de participer", a-t-il déclaré à Jeune Afrique.
Lors de la marche de samedi, les manifestants étaient partagés sur les attentes à avoir envers la Cédéao.
Noussougan, un infirmier, s'est dit "certain que les présidents qui sont actuellement au sommet d'Abuja nous donneront raison: ils savent que la lutte que nous menons est juste. Il est temps de libérer ce pays".
"Moi, je n'attends rien des chefs d'Etats de la Cédéao. Ils ne pourront pas dire la vérité à Faure (Gnassingbé). La lutte continue", a pour sa part commenté avec fatalisme Follygan, conducteur de moto-taxi.