L’ANC attendra-t-il la fin du mandat de Zuma pour l‘éjecter, afin d'enrayer le déclin du parti au pouvoir? Un début de réponse sera peut-être apporté les 10 et 11 janvier, durant les consultations au Parlement.
Il faut rappeler que le mois dernier, la Cour constitutionnelle, la plus haute instance juridique d’Afrique du Sud, a ordonné au Parlement de mettre en place, sous 120 jours, un mécanisme de destitution du président. Une fois ce dernier mis en place, la chambre aura 120 jours pour le mettre en vigueur.
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Dans ces conditions, un départ de Zuma avant la fin de son mandat en 2019 est fort probable. Toutefois, la destitution du président devra obtenir le vote favorable des deux tiers des députés de la chambre, à savoir 267 sur les 400 députés du Parlement, dont 249 de l’ANC et alliés et 151 de l’opposition.
Jusqu'à présent, Jacob Zuma a survécu à pas moins de 9 motions de défiance au Parlement. Et pour cause, les députés de l’ANC, majoritaires au sein de la chambre, ont toujours fait bloc contre la destitution de leur président. Toutefois, la dernière motion en date a fait figure d'avertissement pour Zuma. 177 députés avaient voté pour sa destitution, contre 198 contre et 9 abstentions.
Autre changement de taille depuis cette motion: Zuma n’est plus président de l’ANC et c’est son rival, Cyril Ramaphosa, qui a pris les rênes du parti. Toutefois, les partisans du président sont bien représentés au sein du Comité exécutif du parti où ils occupent des postes clés.
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Dans ces conditions, et pour éviter que l’ANC ne se désagrège, il reste l'option d’un départ négocié qui arrangerait tout le monde. L’ANC éviterait ainsi un éclatement qui pourrait lui être fatal lors de l'élection présidentielle de 2019. Pour rappel, lors des élections locales de 2016, l’ANC a subi un sérieux revers en cédant à l’opposition le contrôle des grandes métropoles du pays.
D'autre part, un tel cas de figure permettrait à Zuma de négocier son départ et d'éviter des poursuites judiciaires, tout en soudant par la même occasion l’ANC qui fait face à une opposition ragaillardie par les multiples scandales présidentiels.
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Certains cadors de l’ANC envisagent cette option, mais pas dans l’immédiat. Il faudra attendre mi-2018, le temps que Cyril Ramaphosa prenne ses marques à la tête du parti, pour envisager un tel scénario avec l’assurance de pouvoir remporter les élections de 2019.
Il faut rappeler qu’en 2008, l’ancien président Thabo Mbeki a été lui aussi contraint de démissionner sous la pression de l’ANC dont il avait perdu le soutien, avant d’être remplacé par Jacob Zuma. Ainsi, si le Parlement décide de destituer Zuma, on pourra dire, en paraphrasant l’historien grec Thucydide, qu’en Afrique du Sud, «l’histoire n’est qu’un éternel recommencement».