L’annonce avait été faite par le président de la République, Paul Biya, lors de son discours à la Nation le 31 décembre 2017. Et déjà, certains ministères ont commencé à transférer d’importantes compétences aux communes, notamment en matière de travaux publics, dans le cadre de ce processus de décentralisation.
Selon le ministre en charge de ce département, les maires ont reçu les allocations destinées aux projets communaux cette année. Parmi les transferts de compétences, la conduite des travaux routiers sur les routes communales.
Certains observateurs y voient là le résultat des revendications politiques nées avec la crise anglophone. Désormais, les autorités veulent rendre effective la décentralisation sur le terrain pour éviter les velléités fédéralistes ou sécessionnistes.
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«Il faut amener les autorités de proximité comme les magistrats municipaux à s’impliquer pour la gestion de ces réseaux routiers. Ils sont maîtres d’ouvrage, en ce sens qu'ils vont planifier, programmer et conduire l’exécution des travaux de construction, d’entretien ou de maintenance de quelques axes routiers. Ils fixent les priorités et savent quel axe routier est prioritaire par rapport à un autre, en raison de son importance économique ou sociale. Le ministère des Travaux publics, pour le compte du gouvernement, intervenant pour les appuyer au plan technique», a déclaré le ministre Emmanuel Nganou Djoumessi.
Une évolution somme toute logique car 87.000 km appartiennent au réseau communal sur 122.000 km au total. Dans le budget 2018, les élus locaux recevront environ 21 milliards de francs CFA pour l’entretien des routes et ouvrages d’art, en plus des crédits d’entretien des routes communales logés au fonds routier (6,2 milliards de francs CFA). «Cette initiative va accélérer le développement dans nos villes et j’appelle les autres ministères à en faire de même», estime Daniel Moukondo, maire de Tiko, dans la région du Sud-ouest.
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Sur le terrain, même si les mouvements de «villes mortes» lancées au début de la crise par les sécessionnistes semblent faiblir, notamment dans le sud-ouest, des accrochages persistent avec les forces de l’ordre. De même, les écoles restent la cible privilégiée des sécessionnistes. Des mouvements de panique ont été enregistrés le 15 janvier à Muyuka, après que des individus non identifiés ont semé la terreur dans des écoles, poussant élèves et enseignants à déserter les lieux précipitamment.