Cameroun. Présidentielle 2018: les grandes manoeuvres commencent

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Le 22/01/2018 à 13h11, mis à jour le 22/01/2018 à 17h25

Entre alliances, tractations et inscriptions sur les listes électorales, les partis politiques sortent de leur léthargie dans la perspective des nombreux scrutins qui doivent avoir lieu cette année au Cameroun, dont la présidentielle.

2018 sera une année électorale chargée au Cameroun. Le président Paul Biya l’a confirmé lors de son discours à la Nation le 31 décembre dernier.

Il n’en fallait pas plus pour que les partis politiques, notamment ceux de l’opposition d’ordinaire léthargiques, commencent à s’activer. C’est le branle-bas de combat dans les états-majors, en attendant que le calendrier électoral soit fixé, dans la perspective des scrutins présidentiel, municipal et sénatorial, voire régional pour mettre en place les conseils régionaux, dans le cadre de l’accélération du processus de décentralisation.

Au sein du Social Democratic Front, le principal parti d’opposition, le congrès prévu en février s'annonce tendu. Si localement, la presse relaie l’information selon laquelle John Fru Ndi, leader historique du parti ne serait pas candidat à la présidentielle, l’intéressé ne l’a pas ouvertement confirmé.

Cependant, nul doute que certains loups aux dents longues dans le parti veulent le pousser vers la sortie afin qu’il se contente notamment d’un poste de président d’honneur. Car, entre compromissions et arrangements, réels ou fantasmés, avec le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), au pouvoir, l’opinion publique camerounaise ne considère plus depuis longtemps le «chairman» comme un vrai opposant au président Paul Biya. Le congrès devrait consacrer un renouvellement au sommet du parti et éventuellement, désigner le candidat du SDF pour l’élection présidentielle.

Candidat déclaré au scrutin présidentiel, Akere Muna, ancien bâtonnier du Cameroun, a engagé de son côté des tractations avec des partis politiques, notamment pour trouver une bannière sous laquelle concourir. La loi camerounaise interdit en effet aux candidats indépendants de participer aux élections. Des négociations qui semblent avoir porté leurs fruits. Il a ainsi été désigné candidat cette semaine par les signataires de la «Plateforme pour la nouvelle République».

Le principal parti d’opposition de cette coalition est l’Alliance des forces progressistes (AFP) d’Alice Sadio. Il est à signaler cependant que le frère d’Akere Muna, Bernard Muna, a tenu les rennes de cette formation politique jusqu’en 2015 avant de se retirer. Il était du reste le candidat de ce parti à l’élection présidentielle de 2011.

Les partis membres de la plateforme seront aussi associés lors des scrutins régionaux afin de ne pas aligner de candidats dans les mêmes circonscriptions et se soutenir les uns les autres. Des candidatures communes ne sont du reste pas à exclure.

Par ailleurs, plus que par le passé, les partis politiques et les acteurs de la société civile s’impliquent afin d’enroler le maximum de personnes sur les listes électorales, avant la convocation du corps électoral. Ainsi par exemple, dans une circulaire du RDPC signée du secrétaire général du Comité central du parti, Jean Nkuété, celui-ci recommande aux responsables du parti de faciliter l’obtention des cartes d’identité (indispensables pour s’inscrire sur les listes électorales) aux électeurs potentiels non encore inscrits.

De même, il demande de veiller à l’enregistrement effectif de tous les membres des instances dirigeantes et les membres des bureaux des organes de base et des soutiens du parti âgés d’au moins 20 ans.

Par Elisabeth Kouagne (Abidjan, correspondance)
Le 22/01/2018 à 13h11, mis à jour le 22/01/2018 à 17h25