Pour sa première apparition depuis 2012 devant les médias réunis au palais de la Nation, le président congolais s'en est aussi pris aux Nations unies et certains "partenaires", dont la Belgique, en bottant en touche une ou deux questions sensibles.
"L'objectif in fine c'est l'organisation des élections. Mais comme en 2006 et en 2011, il y a une résistance farouche de la part d'une frange de l'opposition, d'une frange de ce qu'on appelle la société civile, de la part d'un homme de Dieu", a énuméré le président, visant le cardinal Laurent Monsengwo, archevêque de Kinshasa.
Arrivé au bout de ses deux mandats constitutionnels le 20 décembre 2016, Kabila n'a pas répondu formellement "oui" ou "non" à la question de savoir s'il serait candidat à un troisième mandat, ce que lui interdit la Constitution.
Il s'est contenté de faire remettre un exemplaire de la Constitution congolaise de 2006 à la journaliste française qui lui posait la question, sous les applaudissements de ses proches conseillers dans la salle.
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Une quinzaine de personnes sont mortes en RDC dans la répression de marches interdites les 31 décembre et 21 janvier. A l'origine de ces manifestations interdites, un "comité laïc de coordination" proche de l'église catholique et sa figure de proue, l'archevêque de Kinshasa, demandent entre autres au président de déclarer publiquement qu'il ne briguera pas de troisième mandat.
Le président a nié la possibilité d'un référendum à l'initiative de ses soutiens politiques pour changer la Constitution et rester au pouvoir, une autre accusation de l'opposition: "La commission a déjà publié un calendrier électoral. Je n'ai vu nulle part que l'on a prévu un référendum".
"Pourquoi pas? Vous avez d'autres propositions?", a-t-il répondu à une question en anglais sur le fait de savoir s'il transmettrait le pouvoir au vainqueur des élections après le scrutin présidentiel. Nouveaux sourires de ses proches dans la salle.
Son deuxième et dernier mandat a pris fin le 20 décembre 2016 d'après l'actuelle Constitution. La commission électorale a annoncé des élections pour le 23 décembre 2018, après la non-organisation d'élections en 2016 et le report de celles prévues fin 2017.
Incompréhension" avec la Monusco
Le président a rappelé qu'il tenait cette conférence de presse le jour du 17e anniversaire de son arrivée au pouvoir dans l'urgence, après l'assassinat de l'ex-président, son père Laurent-Désiré Kabila, le 16 janvier 2001.
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Il avait par la suite été élu en 2006 et réélu en 2011 pour cinq ans, les deux fois dans la contestation.
Abordant les questions sécuritaires et diplomatiques, le président congolais s'en est en pris à la Mission des Nations unies au Congo (Monusco), qui a envoyé dimanche des observateurs et des Casques Bleus sur le terrain à Kinshasa, lors d'une marche réprimée par les forces de l'ordre.
"On doit clarifier nos relations dans les jours à venir avec la Monusco. Il y a une incompréhension", a-t-il déclaré.
"Après une vingtaine d'années, on a comme l'impression que c'est une mission qui a comme vocation de rester mais rester jusqu'à quand?", a-t-il lancé, affirmant que la Monusco n'avait "éradiqué aucun groupe armé" actifs dans l'est du pays.
M. Kabila a rappelé qu'il avait dès 2010 "exigé du secrétaire général des Nations unies de préparer un plan de retrait", avant de réfuter toute "co-gestion du pays" avec la Monusco.
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Les Nations unies doivent élaborer d'ici mars un nouveau mandat pour la Monusco, présente depuis 1999 en RDC. Une mission diplomatique française, britannique et américaine se trouve actuellement en RDC pour préparer cette résolution.
Alors que les pays occidentaux ont condamné les violences de dimanche à Kinshasa, le président a déclaré que la RDC avait de bonnes relations avec ses neuf voisins, "et l'océan aussi", a-t-il plaisanté.
Il en va de même avec les "partenaires" de cet immense pays au coeur de l'Afrique centrale, "à l'exception de quelques rares pays".
"Les responsables belges doivent comprendre que le Congo n'est plus une colonie, a-t-il lancé.
Kinshasa a annoncé mercredi soir la fermeture de la Maison Schengen de Kinshasa, sorte de consulat européen géré par la Belgique pour recevoir les demandes de visas pour 17 pays de l'Union européenne et la Norvège.
Kinshasa a également souhaité le départ de son territoire de l'agence belge de coopération après que Bruxelles a annoncé la fin de sa coopération bilatérale avec Kinshasa jusqu'à des "élections crédibles".