Les Etats-Unis ont demandé au Cameroun de "respecter les droits humains" des 47 séparatistes anglophones, parmi lesquels leur leader Sisiku Ayuk Tabe, extradés du Nigeria vers le Cameroun fin janvier, selon une déclaration officielle reçue par l'AFP mardi.
"Les 47 Camerounais sont en détention au Cameroun prétendument (en raison) de liens avec les violences dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Nous appelons le gouvernement camerounais à respecter les droits humains, y compris (en mettant en place) un procès équitable", pour ces Camerounais, a indiqué Heater Nauert, porte-parole du Département d'Etat américain, dans un communiqué.
Sisiku Ayuk Tabe, chef de file du mouvement séparatiste de l'Ambazonie ("pays" correspondant aux deux régions anglophones du Cameroun et dont il s'est auto-proclamé "président"), et ses hommes sont considérés comme des "terroristes" par Yaoundé, et s'étaient réfugiés au Nigeria voisin. Yaoundé considère désormais qu'ils "doivent répondre de leurs crimes" devant la justice camerounaise.
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Les Etats-Unis ont souligné qu'un "grand nombre" des 47 séparatistes "auraient déposé une demande d'asile" au Nigeria. Washington a appelé le Nigeria et le Cameroun à "respecter leurs obligations devant le droit international de s'abstenir de renvoyer dans leurs pays d'origine des demandeurs d'asile".
Début février, l'agence onusienne pour les réfugiés (HCR) s'était dite "très préoccupée" par cette extradition. Lors de leur arrestation, l'ONG Amnesty International avait prévenu que les "dirigeants du mouvement indépendantiste pourraient être menacés de torture et (s'exposer à un) procès inéquitable s'ils sont extradés du Nigeria". En fin de semaine dernière, les avocats camerounais des séparatistes emprisonnés s'étaient plaints de n'avoir pas accès à leurs clients.
Débutée par un mouvement socio-économique de grève des enseignants et avocats fin 2016 contre leur marginalisation, la crise dans les zones anglophones s'est lentement muée en conflit armé de basse intensité, avec 22 soldats et policiers tués depuis novembre, selon un décompte établi par l'AFP.
Près de 33.000 personnes, essentiellement des villageois, se sont réfugiées au Nigeria, fuyant les violences.