Cameroun. Crise anglophone: les habitants désertent Batibo après le kidnapping du sous-préfet

Des milliers d'anglophones ont fui au Nigeria.

Des milliers d'anglophones ont fui au Nigeria.

Le 16/02/2018 à 10h48, mis à jour le 16/02/2018 à 11h22

Le gouverneur de la région du Nord-Ouest a effectué une descente sur le terrain mercredi 14 février pour rassurer les populations locales et la famille du sous-préfet kidnappé, alors que la localité se vide de ses habitants.

Le gouverneur de la région anglophone du Nord-Ouest du Cameroun, Adolphe Lele Lafrique, s’est rendu ce mercredi 14 février dans la localité de Batibo, où le sous-préfet local a été enlevé par des sécessionnistes dans la matinée du 11 février dernier, jour de célébration de la Fête de la jeunesse dans le pays.

Il s’agissait, pour le gouverneur, de coordonner les recherches du disparu avec les autorités locales, mais également de rassurer les populations locales et la famille du sous-préfet kidnappé. Car, depuis cet évènement, les habitants ne sont plus sereins.

«C'est une situation triste. Tout le monde, en particulier les hommes, déserte la ville. Nous ressentons la disparition d'une personne avec laquelle nous avons travaillé en étroite collaboration. Le sous-préfet était très déterminé à développer notre unité administrative et nous prions pour qu'il soit retrouvé vivant. Après l'incident malheureux, Batibo est blacklisté et c'est maintenant une zone rouge», a déploré le maire de la localité, Tanjoh Fridrik.

Un exode qui devrait gonfler encore davantage le nombre de réfugiés camerounais issus des zones anglophones du pays au Nigeria voisin. Selon des données du Haut-commissariat des Nations Unies aux réfugiés (HCR) relayées par RFI, 14.000 réfugiés auraient déjà été enregistrés de l’autre côté de la frontière.

De son côté, le Service national de gestion des urgences (SEMA) au Nigeria estime à plus de 33.000 le nombre de réfugiés dans l’Etat de Cross River.

Sur place, les autorités camerounaises affirment mettre tout en œuvre pour retrouver le sous-préfet de Batibo vivant et les forces de sécurité ont été mobilisées. «L'ennemi a maintenant révélé son vrai visage. Tous ceux qui doutaient peuvent maintenant témoigner de la façon dont il se sert des pillages et des enlèvements pour créer la panique. La sécurité a été renforcée et les mesures ont été prises pour sauver le sous-préfet enlevé», assure le gouverneur du Nord-Ouest.

Par Tricia Bell (Yaounde, correspondance)
Le 16/02/2018 à 10h48, mis à jour le 16/02/2018 à 11h22