Cameroun: Paul Biya relance l’opération Epervier

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Le 25/03/2018 à 10h49, mis à jour le 25/03/2018 à 10h51

Dans le cadre de l’opération de lutte contre la corruption, plusieurs anciens dignitaires du régime sur lesquels pèsent des soupçons de détournement de fonds ont été convoqués au Tribunal criminel spécial ou déjà déférés à la prison centrale de Kondengui à Yaoundé.

L’opération Epervier, du nom donné par la presse camerounaise à l’opération de lutte contre la corruption et d’assainissement des mœurs publics lancée en 2006 par le chef de l’Etat, Paul Biya, a repris son vol dans le pays. Cette semaine, après des interdictions de sorties du territoire, plusieurs hauts dignitaires du régime, dont des membres sortant du gouvernement, ont été convoqués au Tribunal criminel spécial (TCS), voire conduits en prison après cette étape.

Entre autres, Louis Max Ayina, ancien secrétaire d’Etat aux routes, les deux derniers recteurs de l’Université de Douala (Dieudonné Oyono puis Bruno Bekolo Ebe) et Jean William Sollo, ancien directeur général de la Cameroon Water Utilities Corporation (CAMWATER), société désormais en charge de la distribution de l’eau potable, après la non reconduction du contrat d’affermage du pays avec un consortium d’entreprises marocaines, dont l’ONEP.

Aucune communication officielle n’a encore eu lieu sur ces arrestations et les charges retenues contre ces personnalités ne sont pas connues. Toujours est-il que, le TCS, structure redoutée au Cameroun, est une juridiction spécialement créée pour juger les détournements de fonds et les atteintes à la fortune publique qui dépasserait le seuil de 50 millions de francs CFA.

L’ancien ministre en charge de l’Eau et de l’énergie, Basile Atangana Kouna, également convoqué au TCS, est toujours recherché par les autorités locales. Selon certaines sources, il aurait réussi à quitter le pays.

L’opération Epervier fait reparler d’elle dans un contexte où, lors du dernier Conseil des ministres présidé par le chef de l’Etat le 15 mars dernier, Paul Biya avait insisté sur la lutte contre la corruption. «Je voudrais vous réitérer, très fermement, mes instructions sur la nécessité d’une utilisation rationnelle des ressources publiques, la réduction du train de vie de l’Etat et la lutte contre la corruption.

Chacun de vous devra, dans son domaine de compétence, relever le pari de la performance. La recherche de l’intérêt général et de l’efficacité, la solidarité, l’esprit d’équipe, le respect de la hiérarchie, devront en tout temps et en toute circonstance, être les boussoles qui guident votre action», avait indiqué Biya, dans sa communication spéciale au nouveau gouvernement

Par Tricia Bell (Yaounde, correspondance)
Le 25/03/2018 à 10h49, mis à jour le 25/03/2018 à 10h51