Accueil des migrants expulsés d'Israël: Kampala dit oui à Tel-Aviv

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Le 13/04/2018 à 16h48, mis à jour le 13/04/2018 à 16h57

L'Ouganda "envisage" d'accueillir sur son sol quelque 500 migrants érythréens et soudanais en situation irrégulière en Israël, et que l'Etat hébreu entend expulser, a assuré vendredi 13 avril le secrétaire d'Etat ougandais en charge des Réfugiés.

"Le gouvernement (...) envisage positivement la requête" israélienne d'accueillir ces migrants, a déclaré le secrétaire d'Etat Musa Ecweru, après plusieurs mois durant lesquels son pays a démenti tout accord sur la question. M. Ecweru a assuré qu'Israël ne payera pas l'Ouganda pour accueillir ces migrants, assurant que les motivations ougandaises sont "purement humanitaires", et que les migrants ne seraient pas déportés de force.

Le gouvernement de Benjamin Netanyahu, le plus à droite de l'histoire d'Israël, veut expulser des milliers d'Erythréens et de Soudanais entrés illégalement dans le pays et qui n'ont pas de demande d'asile en cours d'instruction. Le gouvernement leur propose de partir "volontairement" avec une somme de 3.500 dollars (2.800 euros), sous peine d'être arrêtés et détenus jusqu'à ce qu'ils acceptent de quitter le pays.

Les autorités n'ont toutefois pas indiqué vers quels pays les migrants pourraient être expulsés, sachant qu'Israël reconnaît tacitement qu'ils ne peuvent être renvoyés au Soudan ou en Erythrée sans mettre leur vie en danger. Des ONG israéliennes assurent depuis plusieurs mois que des accords ont été passés avec l'Ouganda et le Rwanda, ce que les intéressés ont démenti à plusieurs reprises. Le plan d'expulsion du gouvernement israélien a suscité de nombreuses critiques, notamment du Haut-Commissariat aux réfugiés de l'ONU, mais aussi en Israël de certains survivants de la Shoah et d'une partie de la société civile.

Début avril, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait accepté d'annuler ce programme d'expulsions, assurant qu'un accord avec l'ONU allait permettre de transférer les migrants concernés vers "des pays développés comme le Canada, l'Allemagne ou l'Italie". Mais M. Netanyahu avait fait volte-face quelques heures plus tard, et annulé l'accord avec l'ONU.

Selon les autorités israéliennes, 42.000 migrants africains vivent actuellement en Israël. Les femmes et les enfants n'étaient pas menacés par le plan initial d'expulsions. Ces migrants sont arrivés majoritairement après 2007, à partir du Sinaï. La frontière à l'époque poreuse avec l'Egypte a depuis été rendue quasiment hermétique. Ils se sont installés en nombre dans des quartiers pauvres de Tel-Aviv, la grande ville côtière.

Selon M. Netanyahu, ces migrants ne sont pas des réfugiés, mais des "infiltrés illégaux". L'Agence des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) a indiqué vendredi ne pas connaître la nature de l'accord envisagé entre Israël et l'Ouganda, tout en appelant M. Netanyahu à se conformer à l'accord avec l'ONU que le Premier ministre israélien a rejeté quelques heures à peine après l'avoir approuvé.

Dans le cadre d'un autre programme lancé en 2013, plus de 4.000 migrants africains ont quitté Israël pour l'Ouganda et le Rwanda, selon des ONG de défense des droits de l'Homme. Selon Andie Lambe, directeur exécutif de l'ONG Initiative internationale pour les droits des réfugiés, les migrants arrivés de la sorte en Ouganda ne bénéficient pas du statut de réfugié.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 13/04/2018 à 16h48, mis à jour le 13/04/2018 à 16h57