Le porte-parole du gouvernement camerounais avait annoncé au début de l'année l’extradition de 47 sécessionnistes anglophones du Nigeria, dont Sisiku Ayuk Tabé, le leader du mouvement séparatiste. «Quarante-sept terroristes, au nombre desquels Ayuk Tabé, se trouvent depuis quelques heures entre les mains de la justice camerounaise, devant laquelle ils répondront de leurs crimes», avait déclaré Issa Tchiroma Bakary, lors d’une brève déclaration à la presse le 29 janvier dernier.
Après cette date, les autorités du pays n’avaient plus communiqué officiellement sur le sujet, alors que des appels réclamant des preuves de vie de ces «prisonniers» se multipliaient dans le pays. Amnesty International avait demandé leur libération, craignant que Sisiku Ayuk Tabé et ses compagnons soient exposés à «un procès inéquitable» et à des «tortures».
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Près de trois mois après cette extradition qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive, le gouvernement camerounais a décidé de sortir de son mutisme. «Ces gens-là vivent et le moment venu, on va les voir. Pourquoi les gens sont-ils pressés? Ils sont là!», a déclaré le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, invité de l’émission dominicale «Actualités Hebdo» sur la télévision publique le 15 avril dernier. «Parmi les sécessionnistes qui ont été extradés du Nigeria, il y en a qui pesaient 70 kg. Aujourd’hui, ils pèsent 85 à 90 kg. Ils sont bien traités, bien nourris. Il y a des médecins qui passent là-bas, deux, trois fois par jour pour les examiner», affirme-t-il.
Mais le ministre se montre peu disert sur le lieu de détention et les charges qui pèsent sur les 47 sécessionnistes. «On est au niveau des enquêtes préliminaires. Après, il y a l’information judiciaire. Et puis, le juge d’instruction va reprendre le dossier pour regarder ce qu'il y a dedans. Ce sera à lui d’instruire à charge et à décharge», dit-il.
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Selon Paul Atanga Nji, tous ne seront pas condamnés, car «dans chaque entreprise criminelle, il y a des commanditaires, des exécutants et ceux qui accompagnent ces gens-là». Ainsi donc, à la fin de l’information judiciaire, «ceux contre lesquels les indices concordants de culpabilité n’auront pas été retenus pourront bénéficier d’un non-lieu. Ceux-là seront libérés. Mais ceux contre lesquels il y aura des preuves irréfutables d’atrocités commises vont être jugés», annonce le ministre sur un ton sentencieux.
A ceux qui appréhendent un «procès inéquitable», le ministre de l’Administration territoriale tient à rappeler la séparation des pouvoirs au Cameroun. «Nous sommes dans un pays où la justice est indépendante. Elle fait son travail. (…) Il faut faire confiance à la justice camerounaise», assure-t-il.