Cameroun-Crise anglophone: le SDF demande à Paul Biya de "mettre immédiatement fin à la guerre"

Depuis un an, les violences secouent le Nord-Ouest et le Sud-Ouest du pays.

Depuis un an, les violences secouent le Nord-Ouest et le Sud-Ouest du pays.. DR

Le 25/04/2018 à 15h47, mis à jour le 25/04/2018 à 15h49

Le Social Democratic Front, principal parti de l’opposition dans le pays, tient le régime de Yaoundé responsable de «l’escalade du conflit» qui a mué en «guerre civile» dans les régions anglophones. Le parti demande au président de mettre fin à cette crise.

Le Social Democratic Front (SDF), principal parti d’opposition camerounais tient le régime de Yaoundé responsable de «l’escalade du conflit qui a dégénéré en guerre civile ouverte» dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, en proie à une crise sociopolitique et sécuritaire depuis octobre 2016.

Le SDF l’a fait savoir dans un communiqué publié à l’issue des travaux de son comité exécutif national (NEC) le 21 avril dernier à Bamenda, la capitale régionale du Nord-Ouest et bastion de la contestation anglophone. Le parti dirigé par John Fru Ndi «note avec consternation» que le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir) se sert de cette crise pour «instrumentaliser certains jeunes anglophones pour déstabiliser» ces deux régions du pays.

Dans son communiqué, le SDF condamne «cette manie de punition collective que le gouvernement continue d’infliger aux innocentes populations du Sud-Ouest et du Nord-Ouest».

Le parti leader de l’opposition demande par conséquent au chef de l’Etat, Paul Biya, de «mettre immédiatement fin à la guerre qu’il a déclarée et à la spirale de violence dont les populations locales paient le plus lourd tribut, toutes choses qui sont contre-productives et qui nuisent gravement à la stabilité socio-économique» desdites régions. Pour John Fru Ndi et compagnie, le dialogue est la solution à une «sortie durable de crise», car «aucun gouvernement n’a jamais gagné une guerre contre son propre peuple». 

En face, le gouvernement qui se défend de toute exaction assure que le dialogue est ouvert et les interlocuteurs connus. «Le dialogue, c’est discuter avec ceux qui ont un mandat, ceux qui peuvent valablement faire des propositions. Ce sont les chefs traditionnels, les députés, les autorités religieuses, les sénateurs, les hommes politiques, etc. On ne peut pas parler à ceux qui veulent remettre en cause l’autorité de l’Etat», affirme le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji.

D’après ce dernier, les violences et exactions commises par les sécessionnistes sont l’œuvre de «bandits de grand chemin», les vrais responsables de cette crise. «Ce sont eux qui ont commencé. Aujourd’hui, ils sont incapables de maîtriser ce qu’ils ont commencé. On leur dit qu’ils n’auront jamais les moyens de combattre un Etat», conclut le ministre.

Par Tricia Bell (Yaounde, correspondance)
Le 25/04/2018 à 15h47, mis à jour le 25/04/2018 à 15h49