Les travaux de la commission d'enquête sur les scandales de corruption qui ont précipité la démission de M. Zuma il y a six mois sont entrés dans le vif du sujet avec le témoignage de l'ex-vice-ministre des Finances, Mcebisi Jonas.
C'est lui qui avait le premier publiquement levé le voile sur les pratiques des Gupta, en révélant que les trois frères l'avaient convoqué en 2015 pour lui offrir le poste de ministre des Finances en échange de son aide pour obtenir des contrats.
"A la fin de la réunion, M. (Ajay) Gupta m'a redit qu'il avait des informations sur moi et que si je révélais notre rencontre, ils me tueraient", a témoigné M. Jonas vendredi.
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"J'ai été très choqué par ce qui s'est passé", a-t-il ajouté. L'ex-ministre a confirmé qu'Ajay Gupta lui avait proposé 600 millions de rands en liquide pour obtenir son accord. Selon Mcebisi Jonas, le frère Gupta lui a alors affirmé sans détour: "vous devez comprendre que nous contrôlons tout (...) et que le vieux (Zuma) fera tout ce que nous lui disons de faire".
L'ancien chef de l'Etat est soupçonné d'avoir accordé pendant la deuxième moitié de son règne (2009-2018) de juteux contrats publics et des avantages indus à la famille Gupta. Il a toujours nié ces allégations, mais concédé qu'il était un proche des trois hommes d'affaires d'origine indienne.
Un des fils de M. Zuma, Duduzane, a ainsi été inculpé en juillet pour avoir participé à la rencontre décrite par M. Jonas. M. Gupta "m'a dit que je deviendrais très riche si je travaillais avec eux (...) il a pointé son doigt sur M. (Duduzane) Zuma en disant qu'il avait fait de lui un milliardaire", a poursuivi M. Jonas devant la commission d'enquête.
Présidée par le vice-président de la Cour constitutionnelle, Raymond Zondo, elle a prévu de travailler pendant deux ans. La participation de Jacob Zuma lui-même reste incertaine.
L'ancien président sud-africain est par ailleurs jugé devant un tribunal de Pietermaritzburg (nord-est) pour avoir touché des pots-de-vins en marge d'un contrat d'armement attribué en 1999. Son successeur à la tête du pays, Cyril Ramaphosa, a fait de la lutte contre la corruption sa priorité.