Cameroun: un candidat à la présidentielle dénonce l'endettement inquiétant du pays

Cabral Liibi, candidat à la présidentielle camerounaise.

Cabral Liibi, candidat à la présidentielle camerounaise. . DR

Le 07/09/2018 à 08h13, mis à jour le 07/09/2018 à 08h23

Le candidat du parti Univers, Cabral Libii, a écrit une lettre ouverte au président de la République Paul Biya, également en lice pour le scrutin du 7 octobre 2018, pour dénoncer «les errements de la politique d’endettement du Cameroun».

Cabral Libii, candidat du parti Univers à l’élection présidentielle du 7 octobre 2018, a écrit une lettre ouverte au président Paul Biya, également en lice pour ce scrutin, pour dénoncer «les errements de la politique d’endettement du Cameroun».

Il prend pour prétexte la signature par le chef de l’Etat, de memoranda d'entente avec le gouvernement chinois pour le financement de certaines infrastructures au Cameroun le 31 août dernier à Beijing, en marge du 3e sommet du Forum de coopération Chine-Afrique (FOCAC).

Une signature qui intervient alors que le pays est endetté à hauteur de 6.527 milliards de francs CFA (10 milliards d'euros), soit 32% de son PIB, dont une hausse de 1.108 milliards de francs CFA par rapport à la même période l’année dernière, selon la dernière note de conjoncture de la dette de la Caisse autonome d'amortissement (CAA) publiée fin août.

«Cette propension à l'endettement systématique est extrêmement préoccupante», affirme l’initiateur de l’opération 11 millions d’inscrits sur les listes électorales. Le pays est pourtant bien en deçà de la norme fixée en zone CEMAC qui autorise un ratio de dette publique pouvant atteindre 70% du PIB.

«Le Cameroun ne s'endette pratiquement pas dans l'espace CEMAC pour que les normes de soutenabilité de la dette à 70% retenues dans cette espace communautaire puissent être des indicateurs fiables de la solvabilité ou d'attractivité du Cameroun», écrit le candidat du parti Univers.

Selon lui, cet endettement «massif et alourdi» est «un très mauvais signal donné aux investisseurs sur la solvabilité du Cameroun et sa capacité à honorer ses engagements». Et le chef de l’Etat en est conscient puisqu’il a demandé à son homologue chinois, l'annulation de la dette du Cameroun vis-à-vis de la Chine, argue-t-il.

Cabral Libii regrette que «le Cameroun puisse se retrouver à demander encore la charité auprès de ses partenaires», alors que le pays a atteint le point d’achèvement de l’initiative Pays pauvres très endettés (PPTE) en 2006. Ce qui a abouti à l’effacement de la majeure partie du stock de la dette extérieure du pays.

Pour le candidat du parti Univers, la politique de financement de l'économie camerounaise pratiquée depuis lors est «un échec». Une fois élu à la tête du pays - il est sûr de remporter la majorité des suffrages au soir du 7 octobre prochain - il entend réorienter cette politique à travers une série de réformes tendant vers un «investissement étatique productif».

Par Tricia Bell (Yaounde, correspondance)
Le 07/09/2018 à 08h13, mis à jour le 07/09/2018 à 08h23