Les deux hommes se sont ensuite serré la main devant des délégués et les chefs d'Etat de l'Ouganda et du Soudan, et en présence du Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed.
"Le monde a les yeux tournés vers nous alors que les dirigeants sud-soudanais s'engagent aujourd'hui à travailler pour la réconciliation et pour une paix durable dans leur pays", a déclaré le Premier ministre éthiopien peu avant la cérémonie de signature.
"Aujourd'hui, nous espérons ouvrir un nouveau chapitre et une nouvelle opportunité de construire une paix durable et (d'apporter) la stabilité en république du Soudan du Sud", a déclaré Festus Mogae, ancien président du Botswana à la tête de l'organisation chargée du suivi du cessez-le-feu (JMEC), mise sur pied par le bloc régional est-africain Igad.
Le chef de la mission de l'ONU au Soudan du Sud, David Shearer, a également fait part de son espoir de voir la fin du conflit meurtrier qui depuis décembre 2013 a fait des dizaines de milliers de morts, poussé des millions de Sud-Soudanais à fuir leurs foyers et provoqué une crise humanitaire marquée par des épisodes de famine.
'Un premier pas'
"Avec la signature de cet accord renouvelé (un précédent accord avait été signé en 2015, NDLR), nous devrions reconnaître publiquement qu'il ne s'agit que d'un premier pas sur le chemin de la paix, mais un pas qui pose les fondations de tous les suivants", a toutefois nuancé Shearer.
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Faire travailler ensemble Machar et le président Kiir ne sera pas une mince affaire, leur coopération ayant toujours dans le passé abouti au chaos et au conflit, soulignent des observateurs.
S'exprimant au nom du groupe de la troïka, réunissant Norvège, Royaume-Uni et Etats-Unis - parrains historiques de l'indépendance du pays et importants bailleurs de fond -, le britannique Chris Trott a fait part de "l'inquiétude" du groupe concernant le "niveau d'engagement des parties dans cet accord".
Kiir comme Machar sont d'anciens dirigeants rebelles arrivés au pouvoir durant la guerre civile qui a opposé de 1983 à 2005 le nord et le sud du Soudan et abouti à l'indépendance du Soudan du Sud en 2011. Les deux hommes sont issus des deux principaux groupes ethniques du Sud: Kiir est dinka et Machar nuer.
Manne pétrolière
Leur cohabitation au sein du premier gouvernement du Soudan du Sud indépendant a vite capoté, lorsqu'en 2013 Kiir a accusé Machar de fomenter un coup d'Etat contre lui. Le Soudan du Sud s'est alors enfoncé dans une guerre civile marquée par de nombreuses atrocités.
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Un accord de paix les a réunis à nouveau dans le même gouvernement en 2016, mais quelques mois seulement après le retour de Machar, les combats ont repris à Juba et le chef rebelle a dû fuir à pied avec ses partisans en République démocratique du Congo voisine.
L'accord signé mercredi à Addis Abeba est le fruit d'une intense pression diplomatique: le Conseil de sécurité des Nations unies avait ainsi imposé mi-juillet un embargo sur les armes au Soudan du Sud et des sanctions contre deux responsables militaires, pour pousser les dirigeants à retourner à la table des négociations.
Sous l'égide de l'Igad, l'Organisation des Etats d'Afrique de l'Est, les deux dirigeants sud-soudanais avait déjà signé en juillet et début août une série d'accords prévoyant notamment un cessez-le-feu permanent et un partage du pouvoir, après des semaines d'intenses négociations à Khartoum, au Soudan voisin.
Ces accords prévoient entre autres le retour de Machar à Juba pour occuper un des cinq postes de vice-président prévus dans un gouvernement d'unité nationale qui devrait être formé d'ici trois mois et sera en au pouvoir pour une durée de trois ans.
Le Soudan, en pleine crise économique, a hâte de voir à nouveau couler le pétrole en provenance du Soudan du Sud dont l'économie s'est effondrée. Les deux pays ont désespérément besoin de revenus.