Cameroun. Présidentielle: polémique autour d'observateurs internationaux de Transparency International

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Le 12/10/2018 à 07h16, mis à jour le 12/10/2018 à 09h27

L'ONG de lutte contre la corruption a indiqué ne pas avoir envoyé d'observateurs lors du scrutin présidentiel du 7 octobre dernier. Cette sortie fait suite aux informations diffusées par des médias où des personnes présentées comme membres de l'ONG délivraient un satisfecit global sur le scrutin.

Maurice Kamto, le candidat du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) à la présidentielle du 7 octobre dernier a indiqué, à travers son porte-parole lors d'un point de presse mercredi 10 octobre 2018 à Yaoundé, la capitale, avoir l'intention d'engager des poursuites judiciaires à l'encontre de la Cameroon Radio Television (CRTV), média à capitaux publics.

L'homme politique reproche notamment à la télévision d'Etat d'avoir crédibilisé la «supercherie» d'observateurs internationaux présentés comme appartenant à l'ONG Transparency International lors du scrutin, en diffusant leurs interviews sur ses antennes. Les observateurs délivraient notamment un satisfecit global sur le déroulement de l'élection dans leurs propos. Problème, à travers un communiqué diffusé quelques heures plus tôt, Transparency Internationnal indique ne pas avoir envoyé d'observateurs lors de la dernière présidentielle camerounaise.

«Nous n'avons pas envoyé de mission internationale d'observation des élections au Cameroun. Notre section locale au Cameroun a mis en place un mécanisme de rapport destiné au grand public et a travaillé avec un réseau de citoyens pour signaler les irrégularités éventuelles à la section. Cependant, aucune de ces activités ne fait partie d'une mission d'observation électorale officielle», précise l'ONG.

«En cette période critique pour la démocratie au Cameroun, Transparency International et Transparency International Cameroon exhortent tous les partis politiques et les médias à agir de manière responsable et intègre dans leurs communications autour de l'élection et de ses résultats. Une tentative délibérée d'usurper l'identité de Transparency International ou de sciemment décrire des individus non affiliés comme des employés du mécanisme de surveillance de la corruption est totalement inacceptable», poursuit le document.

Transparence

De quoi jeter un certain discrédit sur la mission de ces observateurs internationaux, selon certains hommes politiques. Le MRC a du reste demandé l'ouverture d'une enquête publique sur ces «faux» observateurs.

Dans un autre communiqué, la section camerounaise de Transparency International informe avoir mis sur pied une plateforme de dénonciation de la fraude et ou irrégularité électorale dans le cadre du projet «Promotion de la transparence et de la redevabilité lors de l'élection présidentielle du 7 octobre 2018 par la participation citoyenne et l'utilisation de technologies novatrices». Les citoyens avaient aussi la possibilité de faire des dénonciations anonymes via des numéros dédiés. C'est dans ce cadre donc qu'une cinquantaine de citoyens ont été déployés dans trois départements du pays.

Ainsi, selon Me Charles Nguini, président de Transparency International, «Il s'agirait plutôt d'un groupe d'individus déployés par une structure encore inconnue, s'étant servi de la plateforme de dénonciations mise en ligne par Transparency International».

In fine, conclut le communiqué, «Transparency International Cameroon tient à informer l'opinion nationale et internationale que les déclarations faites par les personnes ci-dessus mentionnées n'engagent en rien l'organisation Transparency International dans ses différentes composantes».

Au demeurant, trois autres institutions internationales ont séjourné au Cameroun pour superviser le scrutin du 7 octobre dernier. Notamment l'Union africaine, la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC) et l'Institut panafricain d'assistance électorale (IPAE). Dans une conférence de presse conjointe, celles-ci ont indiqué que le scrutin s'est globalement déroulé dans le calme, la discipline et la transparence.

Par Tricia Bell (Yaounde, correspondance)
Le 12/10/2018 à 07h16, mis à jour le 12/10/2018 à 09h27