Afrique du Sud: le Sunday Times s'excuse pour des "scoops manipulés" sous Zuma

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Le 14/10/2018 à 14h31, mis à jour le 14/10/2018 à 14h33

L'hebdomadaire sud-africain Sunday Times a présenté dimanche à ses lecteurs des excuses inédites pour des "scoops" retentissants publiés sous la présidence de Jacob Zuma qui se sont avérés largement faux, avouant avoir été le jouet de "manipulations".

"Nous admettons aujourd'hui que quelque chose s'est mal passé dans la collecte de l'information et le compte rendu" de plusieurs affaires, a écrit le rédacteur-en-chef du journal, Bongani Siqoko, dans un long mea culpa publié dans ses colonnes.

"Il est clair que nous avons commis des erreurs et que nous nous sommes laissé manipuler par des personnes qui avaient des motivations cachées", a-t-il ajouté. Dans sa colonne, M. Siqoko évoque d'abord une série d'articles publiés à partir de 2011 sur un prétendu "escadron de la mort" de la police accusé d'exécutions sommaires dans la ville de Cato Manor, dans la province du KwaZulu-Natal (nord-est).

Des dizaines de membres de cette unité avaient été arrêtés et suspendus, puis finalement blanchis. Cette affaire avait nourri une série de purges dans la police et la justice. Le rédacteur-en-chef concède aussi que le Sunday Times s'est lourdement trompé en rapportant la création, par l'actuel ministre Pravin Gordhan, d'une unité spéciale du fisc chargée d'espionner des hommes politiques, dont l'ancien président Zuma.

A l'époque titulaire du portefeuille des Finances, M. Gordhan avait été remercié par M. Zuma en 2017. Au pouvoir depuis 2009, Jacob Zuma a été poussé à la démission en février par son parti, le Congrès national africain (ANC) au pouvoir, en raison notamment des nombreuses allégations de corruption qui pèsent sur lui.

Son successeur Cyril Ramaphosa a promis de tourner la page des scandales politico-financiers. "Il existait alors un projet politique parallèle destiné à pervertir nos valeurs démocratiques et détruire les institutions d'Etat en écartant tous les individus perçus comme des obstacles à ce projet. Nous admettons que nos articles ont pu servir à cet objectif", a écrit Bongani Siqoko.

"Nous présentons nos excuses pour avoir permis que nos articles servent ce but", a-t-il conclu. En une, le journal a annoncé qu'il allait rendre tous les prix qui lui ont été décernés pour ces articles. Le Sunday Times est la propriété de Tiso Blackstar, qui se présente comme le premier groupe sud-africain de presse avec une trentaine de titres à son catalogue. Ses activités incluent également la télévision, la musique et le cinéma.

In extenso: les excuses du Sunday Times

+ Bongani Siqoko, Sunday Times editor:

'We admit here today that something went wrong in the process of gathering the information and reporting the Cato Manor, Sars and Zimbabwean renditions stories. This is after we engaged constructively with all key parties involved in the stories.

What is clear is that we committed mistakes and allowed ourselves to be manipulated by those with ulterior motives.

While we were interrogating, investigating and reporting these stories, there was clearly a parallel political project aimed at undermining our democratic values and destroying state institutions, and removing individuals who were seen as obstacles to this project. We admit that our stories may have been used for this purpose.

That we allowed our stories to be abused for this purpose, we apologise.'

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 14/10/2018 à 14h31, mis à jour le 14/10/2018 à 14h33