Diplomatie: le Drian à fond dans la diplomatie sécuritaire à Ouaga et Abidjan

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Le 19/10/2018 à 15h12, mis à jour le 19/10/2018 à 15h29

Le ministre français Affaires Etrangères, Jean Yves Le Drian, a effectué ces jeudi et vendredi une visite de 2 jours à Abidjan et à Ouagadougou. Au menu, la coopération sécuritaire.

A Ouagadougou, le prétexte était tout choisi: «l’inauguration d’une maison de la jeunesse et de l’innovation», selon la version officielle. Mais le véritable objet de cette première étape est motivé par une profonde préoccupation sécuritaire, au vu du contexte de ce pays du Sahel, marqué par le terrorisme. 

Ainsi, le chef de la diplomatie française a eu des entretiens avec le président burkinabé, Roch Marc Christian Kaboré, au sujet de «la coopération militaire et de la lutte contre le terrorisme». En effet, la situation militaire et sécuritaire au Nord et Nord/Est du Burkina Faso connaît actuellement une nette dégradation avec une multiplication des attaques terroristes, provoquant une augmentation du nombre de victimes au sein des forces armées et de sécurité.

L'arrivée du chef de la diplomatie française à Ouagadougou intervient dix jours après un événement loin d’être anodin, "le premier raid aérien de la force militaire française Barkhane contre des groupuscules terroristes en territoire burkinabé", suite à l’ouverture d’un nouveau front dans cette guerre asymétrique, cette fois à l’Est. Un fait d’une importante dimension militaire, sécuritaire, diplomatique et symbolique. 

La situation sécuritaire désastreuse dans la province du «Soum/Nord» s'est en effet étendue, avec de nouvelles attaques touchant l’Est du pays, un endroit jusque-là épargné.

Commentant le périple de Jean-Yves Le Drian, dont la première étape a été la Côte d’Ivoire, le quotidien burkinabé «Le Pays» relève que «la France est résolument engagée aux côtés de ses anciennes colonies. Car il s’agit d’un séjour mis à profit pour visiter le site de la future Académie Internationale de Lutte contre le Terrorisme qui sera basée à Jacqueville (à une cinquantaine de kilomètres à l’Ouest d’Abidjan). Voilà qui est relativement nouveau » s’exclame le journal. Alors "si cela peut apporter un plus à l’existant, ce sera tant mieux pour la Côte d’Ivoire, mais aussi pour les pays en guerre contre le fléau terroriste".

Et toujours selon la presse burkinabé, "au moment où l'opération Barkhane s’implique de plus en plus fortement dans la lutte contre le terrorisme à l’Est du Burkina Faso, cette nouvelle académie exprime la volonté de la France de se mettre aux côtés de ses anciennes colonies pour écraser la puce terroriste insatiable de sang".

Cependant, au-delà de la légitime et impérieuse nécessité pour les gouvernements de protéger le territoire et les populations contre les attaques des hordes djihadistes par tous les moyens, une question demeure: quelles pourraient être les conséquences de ce qui ressemble de plus en plus à une recolonisation militaire et sécuritaire?

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 19/10/2018 à 15h12, mis à jour le 19/10/2018 à 15h29