Dans les meetings et sur les réseaux sociaux, les jeunes étaient des acteurs principaux du scrutin présidentiel du 7 octobre 2018 au Cameroun. Un phénomène plutôt surprenant, tant cette tranche de la population a manifesté un certain désintérêt pour la chose politique ces dernières années. Au point où l’abstentionnisme, notamment chez les jeunes, enregistrait de grandes proportions.
Désabusés, ceux-ci préféraient laisser aux autres le soin de décider de leur avenir politique. Ces problématiques ont notamment été abordées par le défunt philosophe camerounais Fabien Eboussi Boulaga, dans l'ouvrage «Les jeunes et la politique au Cameroun: quelles perceptions pour quelle participation?».
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Jusqu'ici, le parti au pouvoir, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), faisait partie des rares formations politiques à comprendre des structures réservées aux jeunes. Un regain d'intérêt qui pourrait notamment s'expliquer par le profil de certains candidats à l'élection à la magistrature suprême cette année. En effet, Cabral Libii et Serges Espoir Matomba, investis par les partis politiques Univers et le PURS, ont respectivement 38 et 39 ans.
«Maintenant que les citoyens montrent un regain d’intérêt à la chose politique, c’est une marque de revitalisation de notre démocratie. On note une sorte de professionnalisation politique cette année. La plupart des élections présidentielles ont souvent révélé des illustres inconnus de la scène politique. Des personnes qui n’apparaissent qu’au moment de la convocation du corps électoral. Cela a souvent été mal vécu par les observateurs, car il s’agissait d’un opportunisme à la limite ridicule ou de la simple fantaisie», analyse Pr Mballa Owona, enseignant d'université.
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«Cette année, les choses ont été faites de façon plus sérieuses. D’un côté il y a des acteurs politiques qui n’ont certes pas mis du temps dans l’activité partisane, mais qui s’y sont lancés depuis un bout et montré qu’ils feraient les choses plus sérieusement. Il y a aussi des jeunes qui ont l’audace d’arriver et de perturber en quelque sorte l’échiquier politique existant», ajoute l'analyste.
De nombreux volontaires se sont ainsi engagés cette année pour leur candidat. «Certains candidats ont suscité l'espoir d'un changement, mais surtout ont montré aux autres jeunes que rien n'était impossible. Les jeunes pouvaient reprendre en main leur avenir et devenir eux-mêmes acteurs de leur propre destinée», affirme Charles Same, étudiant.
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Après le scrutin, l'engouement n'a pas pour autant baissé. Les audiences du contentieux post-électoral retransmises en direct à la télévision nationale ont connu, durant trois jours, des pics d'audiences inattendus.
Parmi les téléspectateurs, de nombreux jeunes qui ont pour une fois délaissé pour l'occasion leurs programmes télévisés de divertissement habituel. «Le contexte pré et post-électoral a sans doute fait naître des vocations chez les jeunes. Il ne serait pas étonnant de voir les jeunes encore plus impliqués dans la chose politique, notamment lors des élections locales (municipales et législatives, NDLR) en 2019», ajoute Charles Same. De quoi augurer d'un rajeunissement prochain de la classe politique camerounaise?