Partout sur les réseaux sociaux algériens, des haragas publient des vidéos de leur exploit d'avoir pu quitter le pays, signale le quotidien El Watan, en citant les enregistrements. Le journal démarre avec un jeune homme qui a manifestement beaucoup d'humour et qui tance le régime. "Bouteflika, j’ai même perdu mes cheveux sous ton règne. L’Algérie, je vous la lègue. Bouffez-la seuls si vous voulez", dit cet homme.
Mais le plus marquant c'est que sur certaines vidéos, ce sont des femmes jeunes ou d'âge mûr et des familles entières qui prennent le chemin de l'Europe dans les habituelles barques de fortune, mais aussi par beaucoup d'autres moyens qui défient l'imagination. Ainsi, certains n'hésitent pas à se rendre, d'abord en Turquie, pays dont le visa est beaucoup moins contraignant. Ensuite, une fois arrivés à Istanbul, ils font cap sur la Grèce, notamment par voie terrestre, avant d'acheter une nouvelle fois un billet d'avion pour se rendre dans l'espace Schengen. La raison de cette manoeuvre est que les contrôles des passagers en provenance d'un pays Européens sont moins strictes. Pour la plupart des migrants, a destination finale reste la France, l'Allemagne, l'Italie, ou l'Espagne.
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Dans une des vidéos, un harraga esplique qu'il leur a fallu acheter "des cartes de résidence ou des cartes d’identité des pays" de leur "destination avant d’embarquer". Aujourd'hui, il est tranquillement en France depuis plusieurs années selon lui. «Mais depuis quelques années, il est devenu presque impossible de réussir ce coup. Les autorités grecques, qui ont gagné en expérience, arrivent à détecter les fausses cartes des réelles. Ce chemin a été banni depuis par la plupart des migrants qui arrivent sur le sol grec», rapporte El Watan qui cite un migrant dans une vidéo.
Un père raconte comment son fils compte s'y prendre, tout en affichant ses inquiétudes. Selon lui, le jeune homme originaire de Tipasa, parti depuis trois mois de la Grèce, l'a récemment informé avoir pu rejoindre l'Italie. Son objectif est d'aller en France en empruntant l'autobus. Sauf que depuis leur dernière communication, il n'a plus de nouvelles de fils.
Il y a de quoi s'inquiéter de cette absence de nouvelles, d'après le témoignage d'un autre migrant qui affirme que les passeurs ne sont intéressés que par l'argent. "Ils sont capables de vous laisser mourir de froid, notamment au niveau des frontières". A ce risque, s'ajoutent les agressions physiques et le manque d'eau et de nourriture, explique le même migrant qui est actuellement en France depuis deux ans.
Il y a aussi la filière libyenne qui permet de rejoindre rapidement l'Italie, par la mer. En effet, la situation qui y règne depuis la chute de Kadhafi a permis aux trafics de toute sorte de prospérer.