«J’ai décidé ce jour de l’arrêt des poursuites pendantes devant les tribunaux militaires contre 289 personnes arrêtées pour des délits commis dans le cadre de la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest», a annoncé le président Paul Biya ce jeudi 13 décembre 2018 sur son compte Twitter officiel. Selon la présidence de la République, cette décision procède de la volonté du chef de l’Etat de «permettre à ceux de nos jeunes compatriotes de ces deux régions, désireux de renoncer à la violence et de revenir dans le droit chemin, de pouvoir de nouveau participer à la grande œuvre de construction nationale».
Le président réaffirme ainsi par là sa «détermination à poursuivre sans relâche ses efforts dans la recherche des voies et moyens d’une résolution pacifique de la crise qui affecte ces régions de notre pays, en vue de la normalisation souhaitée par l’immense majorité du peuple camerounais», poursuit la même source.
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Les personnes bénéficiaires de cette «clémence» du chef de l’Etat seront «immédiatement remises en liberté» à l’issue des audiences publiques des différentes tribunaux militaires prévues ce vendredi 14 décembre 2018, indique, dans un communiqué, le ministre de la Défense chargé de la mise en œuvre de cette décision.
Selon Joseph Beti Assomo, cette mesure concerne uniquement les personnes dont les charges retenues à leur encontre sont d’une «amplitude de gravité relative». Elle ne concerne donc pas « les criminels, assassins et autres dangereux terroristes, ainsi que les commanditaires et planificateurs de la pernicieuse crise sécuritaire» en cours dans les régions anglophones du pays.
Autrement dit, les 47 sécessionnistes anglophones extradés fin janvier 2018 du Nigeria, dont leur leader, Sisiku Ayuk Tabe, ne bénéficient pas de cette mesure. Le leader anglophone est accusé notamment de «terrorisme» et de «sécession». Son procès s’est ouvert le 6 décembre dernier devant le tribunal militaire de Yaoundé, avant d’être renvoyé au 10 janvier 2019.
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A noter que cette décision du chef de l’Etat intervient au lendemain de la création par décret présidentiel du Comité national de désarmement, de démobilisation et de réintégration (CNDDR) le 30 novembre dernier.
Ce comité vise à offrir un cadre d’accueil et de réinsertion sociale aux ex-combattants de la secte terroriste Boko Haram qui sévit dans la région de l’Extrême-Nord et des «groupes armés» des régions anglophone du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, en proie à une crise sociopolitique et sécuritaire depuis octobre 2016.
Cette «amnistie» intervient également au lendemain de l’audience accordée la semaine dernière à l’ambassadeur de France au Cameroun, Gilles Thibault. Lors de ce tête-à-tête , le diplomate français a, une fois de plus au nom de son pays, inviter le dirigeant camerounais à privilégier la voie du dialogue pour une sortie de crise, comme l’a fait son homologue français Emmanuel Macron pour mettre un terme à la grogne des «gilets jaunes».