Algérie: une crise semblable à celle du Venezuela dans moins de 3 ans

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Le 14/12/2018 à 13h23, mis à jour le 14/12/2018 à 13h25

Si le cours du pétrole reste à son niveau actuel, l'Algérie aura, dans moins de trois ans, épuisé son matelas de devises étrangères. Ce sera alors le début d'une crise semblable à celle que connaît actuellement le Venezuela.

Quand un pays a encore des réserves en dollars comme l'Algérie ne cesse de l'affirmer, les effets pervers de l'utilisation outrancière de la planche à billets peuvent être limités.

En effet, le pays peut continuer, pour le moment, à importer les biens et services dont il a besoin, en comptant à la fois sur son matelas de devises étrangères et sur les rentrées récurrentes.

Mais l'examen des perspectives à venir permet d'entrevoir un scénario vers lequel l'Algérie s'achemine actuellement: le pays se dirige en effet inéluctablement vers une crise, à laquelle il ne pourra que difficilement faire face. 

L'Algérie aura pourtant tout essayé pour que son fameux matelas de devises ne s'épuise pas.

Une mesure protectionniste, celle de l'interdiction à l'importation d'une liste de 891 produits, n'a pas donné les résultats escomptés, pas plus que la mise en place de quotas, et non plus là encore, l'instauration de taxes prohibitives. 

L'échec de ces mesures d'apprenti-sorcier est perceptible dans l'effondrement, à vue d'oeil, des réserves de change. 

A fin juin 2018, ces dernières n'étaient que de 88,1 milliards de dollars, contre 94 milliards de dollars, trois mois auparavant...

Ce recul de près de 6 milliards de dollars, en l'espace de 6 mois seulement, est loin d'être un évènement tenant à la seule conjoncture.

Il s'agit en effet là d'une tendance de fond, qui a débuté dès 2015, et qui est appelée à se poursuivre dans les années à venir, menant le pays droit dans le mur. 

Faut-il rappeler qu'en 2014, la Banque centrale algérienne pouvait s'enorgueillier d'être assise sur un trésor en monnaies étrangères de 194 milliards de dollars?

Et de l'aveu même du ministre des Finances, de ce matelas, autrefois si confortable, il ne restera plus que 62 milliards de dollars dans un an, à fin 2019.

Ces prévisions ont été faites en novembre dernier, au moment où le cours du Brent était à 75 dollars et sur un trend haussier qui autorisait un grand optimisme des pays pétroliers.

Depuis, la donne a bien changé. Le baril de Brent, qui a certes enregistré un sursaut jusqu'à 85,95 dollars, semble avoir désormais la guigne.

Après une correction brutale, il semble avoir entamé une période de consolidation, juste au-dessus de la barre psychologique des 60 dollars. 

En réalité, la source de l'inévitable crise algérienne, et des conséquences de la politique actuellement menée de l'actionnement de la planche à billets, réside dans ce prix des hydrocarbures qui pourrait rester dans sa fourchette actuelle.

Cela voudra dire, surtout qu'avant 2022, le matelas de devises étrangères aura fondu comme neige au soleil. C'est d'ailleurs à cette période que commenceront les vraies difficultés, qui seront sans commune mesure avec celles que le pays traverse en ce moment, pourtant déjà peu aisées à surmonter. 

A partir de 2022 en effet, pour importer le moindre produit en Algérie, il faudra au préalable se procurer des devises que la Banque centrale ne sera plus en mesure de fournir.

Par conséquent, le dollar et l'euro deviendront de plus en plus chers, ce qui ne manquera pas d'être répercuté sur les prix des biens d'importations.

Tout porte donc à croire que l'on s'achemine vers un scénario proche de celui du Vénezuela ou encore du Zimbabwe, avec une inéluctable inflation galopante à deux (voire à trois) chiffres... Algériens, accrochez-vous. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 14/12/2018 à 13h23, mis à jour le 14/12/2018 à 13h25