Le ton se durcit entre le gouvernement camerounais et le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), le parti de l’opposant Maurice Kamto, candidat malheureux à la présidentielle de décembre dernier, qui consacré la réélection de Paul Biya.
Lors d'un point de presse, ce 26 janvier 2019 à Yaoundé, la capitale, le ministre de l'Administration territoriale, Paul Atanga Nji, a lancé un avertissement à cette formation politique.
«Le MRC et son promoteur doivent retenir une fois pour toute que les activités des partis politiques au Cameroun sont encadrées par des textes en vigueur, qui seront désormais scrupuleusement respectés (…). Le ministre de l'Administration territoriale est l'autorité qui accorde l'agrément aux partis politiques. Ces agréments sont accordés sur la base des lois et règlements de la République. Autrement dit, le MINAT et les partis politiques sont liés par un contrat qui doit être respecté», a ainsi fermement rappelé le ministre.
Lire aussi : RETRO 2018. Cameroun. Biya réélu, Kamto à la fois grand perdant et grand gagnant
Celui-ci ajoute que si le responsable d'un parti politique décide de défier systématiquement l'autorité de l’État et persiste à organiser des manifestations décrétées «illégales» par les autorités, jugées parfois dangereuses et susceptibles de perturber l'ordre public, le ministre sera alors en droit de prendre certaines mesures conservatoires.
«Il y a l'interdiction provisoire de ce parti politique. Et si jamais les indices concordants de perturbation de l'ordre public sont établis contre ce promoteur, son parti politique peut définitivement être interdit sur l'étendue du territoire national», a averti Paul Atanga Nji.
«Les actes de provocation perpétrés par le MRC et ses militants sont des faits d’une extrême gravité. Je dirais même que le MRC a franchi la ligne rouge et a dépassé le seuil de tolérance. La mansuétude du gouvernement ne doit en aucun cas être considérée comme un signe de faiblesse», a-t-il également fermement lancé.
Lire aussi : Cameroun: la résidence de Maurice Kamto sous forte surveillance policière
Cette prise de position fait suite à une série de manifestations publiques, baptisées «marches blanches», organisées le week-end dernier dans le pays entre autres par le MRC afin de dénoncer ce que ce parti considère comme un «hold-up électoral». Toutefois, ces manifestations n'avaient cependant pas été autorisées, selon les autorités camerounaises.
Pour le ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi, c'est dans ce cadre que des manifestants, pris en flagrant délit de perturbation de l'ordre public et voies de fait diverses ont été interpellés et placés en gardes en vue à Yaoundé (où 62 personnes ont été arrêtées), Bafoussam (42 personnes arrêtées) et Mbouda (13 arrêtées).
A Douala, la métropole économique, les manifestations ont été plus houleuses. «Il s'est ensuivi quelques échauffourées au cours desquelles les éléments de sécurité ont fait usage d'une logistique réglementaire. Il convient de préciser, et ce, sur la base des faits d'une absolue véracité, qu'aucun coup de feu à balles réelles n'a été tiré», a toutefois tenu à assurer René Emmanuel Sadi.
Selon les autorités, sept personnes ont été interpellées et six blessés ont été recensés au cours de ces manifestations à Douala.