Au moins 170 civils ont été tués depuis octobre 2018 dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, selon un rapport de Human Rights Watch (HRW) publié ce jeudi 28 mars 2019.
«Etant donné la persistance des affrontements et la difficulté à obtenir des informations dans des zones reculées, le nombre de civils décédés lors de ces incidents est probablement plus élevé», affirme l’ONG américaine, qui a recensé plus de 220 incidents dans cette partie du pays depuis octobre 2018.
Le conflit a également causé la mort d’au moins 31 membres des forces de sécurité, tués lors d’opérations entre octobre et février «d’après des rapports crédibles émanant de médias et des informations recueillies» par HRW.
Le nombre d’enlèvements perpétrés par les séparatistes a aussi considérablement augmenté, affirme l’ONG, qui cite notamment les cas de plus de 300 élèves mineurs, âgés de moins de 18 ans, qui ont été enlevés lors d’au moins 12 incidents.
«Tous ont été libérés, pour la plupart après versement d’une rançon», indique Human Rights Watch.
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«Les autorités camerounaises sont dans l’obligation d’apporter une réponse conforme au droit et de protéger les droits des populations pendant les périodes de violence», a déclaré Lewis Mudge, directeur pour l’Afrique centrale à HRW.
L’ONG demande au gouvernement camerounais d’enquêter sur les allégations d’atteintes aux droits humains et de garantir la protection des civils lors des opérations de sécurité.
Sanctions
Selon HRW en effet, les forces gouvernementales «ont tué plusieurs dizaines de civils», recouru à la force de «manière indiscriminée» et «incendié des centaines d’habitations» au cours des six derniers mois dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest du Cameroun.
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«En ciblant les civils, le gouvernement fait preuve d’une réaction disproportionnée qui est contre-productive et risque de provoquer davantage de violence (…) Il faut absolument que le gouvernement camerounais rétablisse l’Etat de droit dans les régions anglophones et exige des personnes qui s’en prennent aux civils qu’elles rendent compte de leurs actes», affirme le directeur pour l’Afrique centrale de HRW.
L’ONG demande également aux chefs des groupes séparatistes de «cesser de commettre des exactions à l’encontre des civils, et montrer qu’ils sont disposés à résoudre cette crise».
Si le gouvernement n'a, pour l'heure, eu aucune réaction officielle, l’armée a cependant toujours démenti avoir commis des exactions dans le cadre de ce conflit.
Yaoundé a toutefois réitéré «la détermination» du chef de l’Etat à veiller à ce que les exactions qui peuvent être perpétrées par des membres de l’armée camerounaise «fassent systématiquement l'objet d'enquêtes et aboutissent, le cas échéant, à des sanctions appropriées».