Les Etats-Unis envisagent d’organiser un forum international pour une sortie de crise dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, théâtres d’affrontements quasi-quotidiens entre l’armée camerounaise et les séparatistes. L’idée est émise par le sous-secrétaire d’Etat américain adjoint aux affaires africaines, Tibor Nagy, attendu le 17 mars prochain au Cameroun dans le cadre de sa tournée africaine.
«Je ne comprends tout simplement pas pourquoi cette crise ne cesse de se prolonger, alors que le dialogue national doit être absolument ouvert et illimité pour trouver une solution. (…) Nous devons donc nous concentrer sur cela et peut-être amener la discussion dans un forum international», a déclaré le haut responsable américain lors d’une conférence téléphonique le 12 mars dernier depuis Johannesburg, en Afrique du Sud.
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«Je sais que le gouvernement camerounais a pris des mesures, mais vous ne pouvez pas croire le nombre de messages que je reçois tous les jours sur le Cameroun, mais aussi à Washington, le très, très grand intérêt politique suscité par toutes les branches du gouvernement des Etats-Unis, y compris le Congrès qui me contacte toujours au sujet du Cameroun», poursuit celui qui a notamment été en poste au Cameroun comme adjoint à l’ambassadeur américain dans les années quatre-vingt-dix.
Selon ce «Monsieur Afrique» de Donald Trump, le gouvernement américain est «extrêmement préoccupé» par la gravité de cette crise.
«Chaque jour, des gens meurent. Chaque jour, des gens souffrent. Quand il y a une crise nationale comme celle-là, il n'est pas toujours positif d'arrêter des membres de l'opposition», déclare-t-il.
Tibor Nagy fait ainsi référence à Maurice Kamto, président et candidat du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), notamment inculpé pour «rébellion», «insurrection», «hostilité contre la patrie» et écroué depuis le 13 février dernier à la prison centrale de Yaoundé, la capitale.
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Dans un entretien récent accordé à RFI, Tibor Nagy a demandé la libération de l’opposant camerounais, ainsi que l’élargissement des militants du parti interpellés le 26 janvier 2019 lors des manifestations non autorisées à travers plusieurs villes du pays.
Ces propos ont fait promptement réagir le gouvernement camerounais, qui a dénoncé «une grave velléité d’immixtion à peine voilée et inadmissible dans les affaires intérieures du Cameroun».
Ce haut responsable américain avait déjà évoqué l’idée d’un forum international sur la crise anglophone le 6 mars dernier, au cours d’un entretien précédemment accordé à RFI.
«Une conférence de haut niveau permettant à toutes les parties de dialoguer serait une bonne idée», disait-il alors, soulignant qu’il incitera «les autorités camerounaises à être plus sérieuses dans leur gestion de la crise anglophone» lors de son séjour annoncé au Cameroun.