Dans un communiqué publié ce 5 mars 2019, le gouvernement camerounais désapprouve des propos du sous-secrétaire d’État adjoint aux affaires africaines, Tibor Nagy, dans une interview diffusée sur Radio France internationale (RFI) la veille, en prélude à la tournée africaine qu'il effectue.
Le diplomate américain a notamment demandé dans cet entretien, la libération du président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), Maurice Kamto, ainsi que l’élargissement des militants de ce parti interpellés le 26 janvier 2019 lors des manifestations non autorisées à travers plusieurs villes du Cameroun.
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«Le gouvernement camerounais assure que Maurice Kamto a été arrêté et emprisonné pour des raisons légitimes. Moi, je pense vraiment qu’il serait très sage de le libérer. Parce que, que ce soit vrai ou faux, il est perçu comme ayant été incarcéré pour ses activités politiques et cela est inacceptable. Ses partisans et lui doivent être libérés et nous ne passerons pas par quatre chemins pour le dire», a notamment déclaré le «Monsieur Afrique» de Donald Trump.
Une sortie médiatique qui a fait réagir les autorités camerounaises.
«Le gouvernement camerounais regrette vivement ces propos qui, non seulement, dénotent une méconnaissance des enjeux, des réalités et des faits concernant l’arrestation de Monsieur Kamto et nombre de ses partisans, ainsi que la situation dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, mais aussi, trahissent une grave velléité d’immixtion à peine voilée et inadmissible dans les affaires intérieures du Cameroun.
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Le Cameroun est un Etat de droit, dont les lois et les règlements constituent le cadre normatif où tous les partis politiques, y compris le MRC, mènent leurs activités, mais ce, dans le respect de la légalité», indique l'adresse signée du ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi.
«Intégrité territoriale»
Dans cette mise au point, le gouvernement camerounais réaffirme que Kamto n’est pas en détention pour avoir exercé des activités politiques, mais pour des faits de droit commun. Entre autres, «d’insurrection, d’hostilité contre la patrie, de rébellion et de destruction de biens publics», tant à l’intérieur du pays que dans plusieurs ambassades du Cameroun à l’étranger.
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Quant à la crise anglophone et la situation dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, le gouvernement affirme qu'il lui «incombe d’assumer pleinement ses responsabilités régaliennes, en mettant tout en œuvre pour préserver l’intégrité territoriale du Cameroun, de même que la sécurité des personnes et des biens face à des rebelles sécessionnistes, hors-la-loi, qui sèment la terreur et la désolation, commettant d’inqualifiables atrocités que nul ne saurait tolérer».
Tibor Nagy a indiqué qu’il incitera «les autorités camerounaises à être plus sérieuses dans leur gestion de la crise anglophone». Au demeurant, le Cameroun se félicite de la qualité des relations entretenues avec les Etats-Unis et entend continuer d’œuvrer à leur renforcement «au bénéfice des deux pays et dans le respect mutuel de leurs souverainetés respectives».
Le secrétaire d’État adjoint des États-Unis pour les Affaires africaines débute ce jeudi 7 mars une tournée en Afrique centrale qui le mènera dans plusieurs pays: le Rwanda, l'Ouganda, la République démocratique du Congo (RDC) et le Cameroun (17-18 mars).