Xénophobie en Afrique du Sud: le Nigeria et la RDC boycottent le Davos africain

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Le 05/09/2019 à 09h52, mis à jour le 05/09/2019 à 09h55

Le Nigeria a décidé de boycotter le Forum économique mondial Afrique qui s'est ouvert ce mercredi au Cap en raison des tensions avec l'Afrique du Sud en proie à des violences contre les étrangers, a annoncé mercredi un conseiller à la présidence. Le président Congolais aussi annule sa participation.

«Le gouvernement nigérian a boycotté le Forum économique mondial du Cap», a annoncé sur Twitter Bashir Ahmad, l'un des conseillers du président Muhammadu Buhari. Le vice-président nigérian Yemi Osinbajo qui devait participer au Forum a annulé son voyage au lendemain de la convocation de l'ambassadeur d'Afrique du Sud par Abuja pour qu'il fournisse des explications au sujet de l'explosion de violences contre les immigrés dans le pays le plus riche du continent.

De son côté, le président congolais, Felix Tshisekedi également a fait la même annonce, sans préciser les raisons. Cependant, à Kinshasa, la presse a fait la même déduction. 

Dans la foulée, le Nigeria a même décidé de rappeler son ambassadeur pour explication.

D'importantes échauffourées ont éclaté mercredi matin à Abuja, autour d'une enseigne sud-africaine de supermarché, malgré un renforcement du dispositif sécuritaire à travers le Nigeria, après des appels au boycottage et à la violence pour protester contre les attaques xénophobes en Afrique du Sud.

Une centaine de manifestants bloquaient la voie rapide qui mène du centre-ville à l'aéroport d'Abuja, au niveau du centre-commercial de Lugbe, qui abrite un supermarché sud-africain Shoprite, après avoir été repoussés par les forces de l'ordre alors qu'ils tentaient de vandaliser les lieux, selon constaté des journalistes de l'AFP.

Des dizaines de policiers ont été déployés dans la zone et ont tiré des gaz lacrymogènes en direction des manifestants qui jetaient des pierres et d'autres objets sur le centre-commercial.

«Nous devons venger la mort de nos citoyens en Afrique du Sud», a dit Joseph Tasha, un manifestant. Cinq personnes ont été tuées à Johannesburg et près de 200 arrêtées dans des émeutes xénophobes qui secouent depuis dimanche l'Afrique du Sud. On ne connaît pas la nationalité des victimes, et le ministre sud-africain de la police a assuré que «le plus grand nombre» des victimes sont sud-africaines.

Toutefois, l'Afrique du Sud, première puissance industrielle du continent, est le théâtre régulier de violences xénophobes, nourries par le fort taux de chômage et la pauvreté.

De centaines de milliers d'internautes nigérians ont appelé au «boycottage total» des entreprises sud-africaines, et de nombreux chanteurs nigérians, tels que Davido, Teni, Tiwa Sawage ou Burna Boy, ont condamné les violences xénophobes.

«Je ne retournerai plus jamais en Afrique du Sud, jusqu'à ce que le gouvernement sud-africain se réveille», a déclaré Burna Boy, star sur le continent et dans la diaspora africaine. Face à la montée des tensions, «la police nigériane a renforé la sécurité autour des magasins MTN (géant des télécommunications sud-africain), de Multichoice (fournisseur de programmes télévisés) et des supermarchés Shoprite à travers le Nigeria», avait déclaré police mercredi matin.

Mardi, un groupe de personnes avait déjà tenté de vandaliser deux supermarchés de Shoprite, dans la capitale économique, Lagos. L'Etat de Lagos a «condamné fermement ces attaques» et a rappelé que «le gouvernement fédéral entretient un dialogue avec les autorités sud-africaines pour mettre fin à ces actes odieux».

«Les agences de sécurité de l'Etat ont été sommées d'assurer le calme à travers Lagos», a fait savoir le porte-parole de l'Etat, Gbenga Omotoso. Mardi, le président nigérian Muhammadu Buhari s'est dit «très inquiet» et a annoncé l'arrivée d'un «envoyé spécial» à Pretoria.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 05/09/2019 à 09h52, mis à jour le 05/09/2019 à 09h55