Egypte-Ethiopie-Soudan: nouvel échec des négociations sur le différend du barrage de la Renaissance d’Ethiopie

DR

Le 18/09/2019 à 11h21, mis à jour le 18/09/2019 à 11h23

Les négociations entre l’Egypte, l’Ethiopie et le Soudan sur les modalités de remplissage du Grand barrage de la Renaissance d'Ethiopie ont échoué. Addis-Abeba et le Caire ne sont pas d'accord sur la durée du remplissage de l'énorme réservoir de 74 milliards de mètres cube d'eau de ce barrage.

Les négociations entre l’Egypte, l’Ethiopie et le Soudan concernant les modalités de remplissage du Grand barrage de la Renaissance éthiopienne (GERD), tenues le dimanche 15 et lundi 16 septembre dernier au Caire, ont, une fois de plus, échoué.

Les membres des comités techniques et de recherche du GERD n’ont pas pu se mettre d’accord sur la durée nécessaire pour le remplissage de l’énorme réservoir du barrage éthiopien, aujourd'hui presqu'achevé, d’une contenance de plus de 74 milliards de mètres cubes.

L’Ethiopie a rejeté la proposition égyptienne relative aux règles de remplissage du barrage et d’utilisation du GERD, qualifiant la proposition éthiopienne de «déloyale».

En effet, l’Ethiopie insiste sur une durée de stockage ne dépassant pas 5 ans, alors que l’Egypte demande une durée de remplissage du barrage de 7 à 10 ans, afin de prévenir tout préjudice causé aux actions égyptiennes et soudanaises sur le Nil.

Pour l’Ethiopie, un remplissage rapide du réservoir permettra de produire rapidement et de manière efficiente de l’électricité, dont son économie en pleine croissance a fortement besoin.

Quant à l’Egypte, elle campe sur une durée bien plus longue, même si elle a revu cette durée à la baisse, 7 ans, contre 10 à 12 ans auparavant.

Selon les experts égyptiens, un remplissage sur un délai court du réservoir du barrage priverait l’Egypte d'entre 12 à 25% des eaux nécessaires à sa population, son agriculture et son industrie.

Il faut dire que pour l’Egypte, dont l'étendue est à 95% désertique, et qui dépend pour ses besoins en eau à hauteur de 95% du Nil, les modalités de remplissage du barrage géant éthiopien constituent un risque notable de voir le débit du Nil baisser, ce qui constituerait un danger pour l’agriculture et l’industrie de ce pays.

Toutefois, du fait des enjeux que représente le barrage pour l’Ethiopie et les eaux du Nil pour l’Egypte, les parties concernées par ce différend vont se réunir rapidement pour trouver un accord.

Un comité scientifique indépendant doit se réunir en urgence du 30 septembre au 3 octobre prochain à Khartoum, au Soudan, pour examiner les propositions de chacun des trois pays concernés.

Une autre réunion devra se tenir les 4 et 5 octobre, toujours à Khartoum, entre les ministres de l’Eau des trois pays. L’objectif est de trouver rapidement un terrain d’entente entre les trois pays.

Le Grand barrage de la Renaissance d’Ethiopie, dont les travaux ont été entamés en mai 2011, est à 80% de sa réalisation. Toutefois, les travaux hydromécaniques ne sont réalisés qu’à hauteur de 25%. En conséquence, sa livraison, qui était programmée pour 2017, est repoussée pour 2022.

Le barrage hydroélectrique éthiopien, le plus important d’Afrique, aura à terme une capacité de production d’électricité de 6.450 MW.

Par Moussa Diop
Le 18/09/2019 à 11h21, mis à jour le 18/09/2019 à 11h23