Officiellement, selon le projet de loi de finances, le déficit attendu en 2020 ne sera que de 7,2% du Produit intérieur brut (PIB), correspondant à 1533 milliards dinars, un niveau déjà abyssal au vu de la norme généralement admise de 3% du produit intérieur brut. Cependant, le gouvernement algérien a usé de tous ses talents de contorsionniste et d’illusionniste pour ne pas laisser apparaître un tel niveau. La réalité est beaucoup plus triste, malheureusement.
En effet, le déficit budgétaire réel atteint quelque 12% du PIB. Il reste donc proche du niveau record de 15% atteint en 2015 et 2016.
En effet, pour faire apparaître le budget sous son meilleur jour, plusieurs dépenses importantes ont été transférées vers des caisses ou des fonds considérés comme autonomes, mais qui en réalité sont soit alimentés par le Trésor, soit financés avec la garantie de l’Etat. Ce qui revient au même.
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C’est le cas, notamment du déficit de la Caisse de retraites, qui se monte en 2020 à plus de 600 milliards de dinars, soit l’équivalent de 4,44 milliards de dollars. Sauf que, ce déficit est censé être supporté par le Fonds national d’investissement, qui n’a d’autre choix que de lever la somme correspondante avec la garantie de l’Etat.
A cela s’ajoute le déficit des entreprises publiques que l’Etat est tenu de couvrir et dont le montant global est inconnu pour le moment. De même, l’Etat a laissé à la Sonelgaz et à la Sonatrach le préfinancement des subventions.
Toutes ces sommes mises bout à bout correspondent à plusieurs centaines de milliards de dinars.
On s’achemine ainsi vers le même schéma que pour l’année en cours où le déficit officiel est estimé à 6,9% du PIB, alors que le Fonds monétaire international, dans son dernier rapport de suivi de l’économie algérienne publié début octobre, estime que le déficit est de 12% du PIB.
C’est dire que si le gouvernement prévoit officiellement 7,2%, un écart similaire avec le déficit réel est tout à fait envisageable, soit plus de 12% du PIB.
Evidemment, cette situation ne saurait perdurer, d’autant que l’Etat est obligé d’abandonner la planche à billets. C’est, en effet, la condition sine qua non pour avoir accès au financement des organismes internationaux comme le FMI, la Banque mondiale, voire la Banque africaine de développement, même si cette dernière est moins regardante que les deux précédentes institutions.