Après deux années d'utilisation de la planche à billets qui ont failli mener l'économie du pays dans l'abîme, l'Algérie vient enfin de l'abandonner.
Selon Noureddine Bedoui, Premier ministre algérien, la décision a été prise de "mettre fin définitivement au recours au financement non conventionnel".
Cependant, ce qui, bien que tardive, est une décision sage, est en réalité une exigence du FMI et de la Banque mondiale. Car, ce que le gouvernement Bedoui ne dit pas aux Algériens, c'est que l'économie du pays est au bord du gouffre à cause des cours du pétrole qui tardent à atteindre le seuil critique qui permettrait au trésor public de se tirer d'affaire.
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Pas plus tard qu'en août dernier, le Carnegie Middle East Center a consacré une étude à la situation économique du pays et ses conclusions ont été alarmantes. En effet, début 2019, l'équivalent de 57 milliards de dollars de billets de banque a été imprimé depuis l'adoption de la fameuse loi sur ce mode de financement en octobre 2017. Sur l'année 2018, c'est l'équivalent de 30% du PIB qui a ainsi été injecté dans l'économie pour payer les salaires et la commande publique. Ce qui est une somme colossale.
La conséquence de tout cela sera une hausse continue du taux d'inflation: 4,3% en 2018 et un prévisionnel de 5,6% pour l'année en cours.
Au-delà de l'inflation, ce mode de financement ne permet pas de régler le problème des importations qui se font nécessairement en devises, sachant que le matelas financier sur lequel est assis le pays s'est réduit comme peau de chagrin. En effet, les réserves de change qui atteignaient quelque 200 milliards de dollars en 2014, n'étaient plus que de 72 milliards en avril 2019. Fin 2020, elles ne seront que de 33 milliards de dollars, selon les prévisions les plus optimistes.
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Afin d'éviter des mesures de dernière minute, les autorités algériennes sont obligées de remiser leur fierté de nation indépendante financièrement: se tourner vers les bailleurs de fonds étrangers, notamment le FMI et la Banque mondiale, avant qu'il ne soit trop tard. Or, ces institutions imposent toujours des conditions qui leur permettent de s'assurer d'être payés.
Pour un pays comme l'Algérie, à l'économie peu diversifiée et qui mène une politique de subventions à outrance, cela passe forcément par la mise en place de nouvelles taxes tout en supprimant les aides d'Etat.
L'Algérie n'a pas le choix, surtout que les cours du pétrole peinent à se redresser durablement.