Algérie: le régime promet de ne plus recourir à la planche à billets

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Le 24/06/2019 à 15h14, mis à jour le 24/06/2019 à 15h16

Cela fait plus d’un an et demi que le régime algérien a recours à la planche à billets pour financer l’économie du pays, à une période où les liquidités bancaires avaient diminués. Le pouvoir algérien a décidé hier, dimanche 23 juin, de renoncer à ce mode de financement non conventionnel.

Après plus d’une année et demi de recours à la planche à billets pour financer l'économie nationale, à une époque où les liquidités bancaires avaient diminués, le gouvernement vient de décider d’abandonner ce mode de financement non conventionnel, hérité du temps de Ahmed Ouyahia, sous l’ère du président déchu, Abdelaziz Bouteflika, a-t-on appris hier, dimanche 23 juin, à Alger.

Cette nouvelle a été annoncée en marge du lancement d'un programme de formation sur l'environnement, pour des journalistes, hier, dimanche, dans la capitale algérienne.

Le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Hassane Rabhi, a ainsi annoncé que «l'ère du financement non conventionnel est révolue».

Sans pour autant donner davantage de détails sur la manière dont l'actuel exécutif compte s'y prendre pour éviter au pays les conséquences néfastes de la fonte de ses réserves de change, Rabhi a déclaré à l'agence de presse officielle algérienne que «le gouvernement avait pris des mesures devant permettre au pays d'éviter les risques qui pourraient porter préjudice à l'économie nationale».

Dans le contexte de crise politique que traverse le voisin de l’est, la Banque d'Algérie a désavoué, le 20 avril dernier, la politique économique et monétaire adoptée par le gouvernement sous l'ère de Abdelaziz Bouteflika.

La banque centrale algérienne s'est ainsi démarquée des choix de l’ex-Premier ministre Ahmed Ouyahia, qui avait opté pour la planche à billets afin de tenter de juguler la crise économique, née de la chute des prix du pétrole, alors que d'autres solutions étaient possibles, selon cette institution bancaire.

Ouvertement critiqué par les partis de l'opposition, le recours à la planche à billets avait alors été choisi pour financer la dette publique et éviter une cessation de versement des salaires des fonctionnaires et des retraités, tout en tentant de relancer des projets en souffrance. 

Une solution de «facilitation» qui, selon l'opposition, n'avait fait que retarder l'apparition des effets de la crise, puisqu'elle ne ferait que porter l'inflation à des niveaux élevés, reculer le pouvoir d'achat des citoyens et déprécier la monnaie nationale algérienne, le dinar, plus qu’elle ne l’est déjà.

D’après la Banque d'Algérie, sur les 6.556,2 milliards de dinars (55 milliards de dollars US) mobilisés dans le cadre du financement non conventionnel, un montant de 2.470 milliards de dinars (20 milliards de dollars US) a servi au financement du déficit du Trésor, au titre des années 2017 et 2018 et partiellement au titre de l'exercice 2019.

D'autre part, 1.813 milliards de dinars (15 milliards de dollars US) ont été dédiés au remboursement de la dette publique à l'égard des entreprises nationales Sonatrach et Sonelgaz, ainsi qu'au financement du remboursement de l'emprunt obligataire pour la croissance.

Au sujet des réserves de changes, celles-ci se sont complètement évaporées dès lors que le prix du baril de Brent a commencé à baisser, au second semestre 2014. En parallèle, les mesures de réformes engagées par l'ancien gouvernement pour stabiliser la balance commerciale et freiner la "saignée" de ses devises n'a pas eu l'effet escompté.

Selon la Banque d'Algérie, sur les 6 556,2 milliards de dinars (55 milliards de dollars US) mobilisés dans le cadre du financement non conventionnel, un montant de 2 470 milliards de dinars (20 milliards de dollars US) a servi au financement du déficit du Trésor, au titre des années 2017 et 2018, et partiellement au titre de l'exercice 2019.

Dans une note de conjoncture pour le deuxième semestre de 2018 publiée le 3 juin dernier, la Banque d'Algérie a annoncé que les réserves de change du pays s'étaient établies à 79,88 milliards de dollars US fin 2018, contre 97,33 milliards de dollars US fin 2017, soit une baisse de 17,45 milliards de dollars US en une année. La cause de cette baisse dratique, d’après la banque d’Algérie, en est «l'excès des importations sur les exportations».

Les réserves du pays sont en outre passées de 194 milliards de dollars en 2013 à 178 milliards en 2014, pour finir l'année 2017 avec 97,33 milliards de dollars, soit une baisse de près de 100 milliards de dollars US en 4 ans, alors que es recettes de l'Algérie en devises proviennent, à 97%, de la vente de ses hydrocarbures.

Le déclin des réserves de change de l'Algérie s'explique donc avant tout par la chute des prix du pétrole, lesquels sont passés de 117 dollars/baril à seulement 27 dollars en février 2016, pour tourner autour de 64 dollars de nos jours. 

Par Karim Ben Amar
Le 24/06/2019 à 15h14, mis à jour le 24/06/2019 à 15h16