Sanctions américaines: voilà ce que perd le Cameroun

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Le 02/11/2019 à 10h41, mis à jour le 02/11/2019 à 16h23

Bénéficiant jusqu’ici de l’African Growth Opportunity Act (AGOA), mis en place par les Etats-Unis au profit des pays africains, le Cameroun risque de perdre des dizaines de millions de dollars.

Grâce aux exonérations en droits de douane dans le cadre de l’AGOA, à l’image de la plupart des pays d’Afrique subsaharienne, le Cameroun réalisait, jusqu’ici, de belles performances commerciales avec le géant américain. Cela pourrait s’arrêter, du moins jusqu’à nouvel ordre, le temps que le pays se conforme aux exigences américaines en matière de droits de l’homme.

En 2018, le Cameroun a exporté approximativement 220 millions de dollars en biens et services vers les États-Unis. 63 millions de dollars de ces exportations l’ont été au titre de l’AGOA, dont plus de 90% sous forme de pétrole brut.

Pour certains, les opérateurs économiques seront obligés de s'adapter temporairement à cette nouvelle réalité qui entre en vigueur dans deux mois. Si les 63 millions de dollars ne seront pas totalement perdus, il est certain qu'il y aura un impact. 

«Les États-Unis sont un partenaire et un ami engagé du Cameroun et nous allons continuer à poursuivre les liens commerciaux robustes et diversifiés en travaillant avec d’autres outils en notre possession pour la réalisation du potentiel énorme de cette relation au bénéfice de notre prospérité mutuelle», précise la chancellerie américaine.

La décision prise par le président américain Donald Trump sera effective à partir du 1er janvier 2020. Elle s’appuie notamment sur des «violations flagrantes des droits de l’homme» dans le pays, ce qu’a toujours démenti le gouvernement camerounais.

«Le président Donald Trump a informé le gouvernement de la République du Cameroun de son intention de mettre fin aux avantages commerciaux du Cameroun sous la loi sur la Croissance et les opportunités de développement en Afrique (AGOA)», indique un communiqué de l'ambassade des États-Unis à Yaoundé publié le 31 octobre 2019. Une sanction qui prendra effet dès le 1er janvier 2020, apprend-on.

«Conformément à la loi américaine, les pays bénéficiaires des avantages de l'AGOA sont soumis à des examens réguliers afin d’évaluer les critères établis par le Congrès américain dans la loi qui a mis en place l’AGOA. Après ce processus d’examen complet, le président a trouvé le Cameroun non conforme aux critères d’éligibilité à l’AGOA en raison de son implication dans les violations flagrantes des droits de l’homme reconnus internationalement», ajoute le communiqué alors que le gouvernement camerounais a, à plusieurs reprises, démenti les informations sur de présumées violations de droits de l’Homme.

Toutefois, le Cameroun pourra être éligible à l'AGOA «lorsqu'il remplira à nouveau les critères», précise le communiqué. L'AGOA est une loi fédérale américaine adoptée en 2000 par le Congrès américain, sous la présidence de Bill Clinton. Elle a pour but de soutenir l'économie des pays africains en leur facilitant l'accès au marché américain, notamment à travers des exemptions de droits tarifaires. De leur côté, les États-Unis bénéficient de nouvelles sources d'approvisionnement, entre autres, en pétrole. Une quarantaine de pays africains en sont bénéficiaires. Une dizaine de pays du continent en ont déjà été exclus pour diverses raisons, avant d'être réintégrés, pour la plupart.

Par Patricia Ngo Ngouem (Yaounde, correspondance)
Le 02/11/2019 à 10h41, mis à jour le 02/11/2019 à 16h23