Hier, vendredi 8 novembre, les chefs d'Etat des 15 pays de la CEDEAO réunis en sommet extraordinaire ont réussi, par leur fermeté, à faire fléchir le Premier ministre Faustino Fudut Imbali, considéré comme ayant été nommé en violation de la Constitution et des accords de règlement du différend entre les principaux acteurs politiques. Un tournant dans la crise actuelle qui bloque le fonctionnement de ce petit Etat d'Afrique de l'Ouest.
Nommé à son poste 11 jours auparavant, Imbali a déposé une démission dont il attend l'acceptation de la part du président José Mario Vaz, dans les heures à venir.
Lire aussi : Guinée-Bissau: un pays, deux Premiers ministres à l'approche des élections
Cette démission met fin à la situation inédite dans ce pays où deux chefs de gouvernement revendiquaient chacun sa lagitimité. En effet, il y a moins de deux semaines, le président Vaz a désavoué le Premier ministre Aristides Gomes issu du processus de règlement du conflit entre les deux rivaux politiques et qui est soutenu unanimement par la communauté ouest-africaine.
Lire aussi : Guinée Bissau: une campagne présidentielle sur fond de conflits entre le chef de l'Etat et le gouvernement
Il faut dire que la CEDEAO n'a pas fait dans la dentelle pour le pousser à la sortie. D'abord, mercredi, la Cédéao avait lancé un ultimatum à son gouvernement : la démission ou des sanctions.
Ensuite, le sommet de Niamey a décidé d'envoyer une délégation de cinq chefs d'Etat pour se rendre à Bissau dans les plus brefs délais, à savoir Muhammadu Buhari du Nigeria, Alassane Ouattara de la Côte d'Ivoire, Adama Barro de la Gambie, Nana Akufo Addo du Ghana et Alpha Condé de la Guinée.
Enfin, la mission des chefs d'Etat, le 16 novembre, sera précédée par l'arrivée d'une délégation des chefs d'état-major des pays de la sous-région pour rencontrer les autorités de Bissau. Une manière de brandir la menace d'une action militaire si cela s'avérait nécessaire.
Il convient d'ailleurs de rappeler qu'une mission militaire de la CEDEAO, l'Ecomig, est à Bissau depuis plusieurs années.
Dans un élan de défiance vis-à-vis de la communauté internationale, le président Vaz avait même convoqué, lundi 5 novembre, "un conseil de défense", réunissant des militaires y compris le chef d'état-major général de l'Armée, évoquant son titre de "commandant en chef des forces armées".
Cependant, le chef de l'armée bissau-guinéenne avait purement et simplement appelé ses troupes à ne pas se mêler d'affaires politiques, ce qui a été le premier désaveau contre le président Vaz.